1793 - DES SIMILITUDES - 2023 !
Ce qui se passe à l'heure actuelle avec le mépris pour le peuple dit souverain (qui ne l'est que lorsque ça arrange nos dirigeants d'opérette) n'est jamais qu'une reprise, un "remake" du scénario d'il y a 230 ans. Comme le rappelle La Revue N° 54, la condamnation à mort de Louis XVI n'a pas bénéficié d'un appel au peuple et certains répètent que cette décision fut catastrophique pour le sort de la France comme le démontrera l'avenir. Barère a "désarticulé" l'argument, en rappelant que "le (peuple) souverain avait délégué sa souveraineté (à la Convention)". Nouveau Barère, le couple Macron-Borne reprend des arguments vieux de 230 ans pour imposer son illégitimité. Assistés et soutenus par tous les traine-savates gouvernementaux.
En 1793 tout a commencé avec la création du Tribunal révolutionnaire, le 10 mars. Son rôle est de "purger" la France des ennemis de la révolution. Vergniaud (du parti girondin fort soutien des révolutionnaires avant que de sentir venir les vents mauvais) s'y était opposé en ces termes: "on nous propose de décréter l'établissement d'une Inquisition mille fois plus redoutable que celle de Venise ! Nous mourrons plutôt que d'y consentir !".
Robespierre veut de la rapidité:" C'est avec la lenteur des Anciens parlements que le Tribunal révolutionnaire procède. Il s'est entortillé de chicanes pour juger des crimes dont le germe doit être étouffé en vingt quatre heures. Quant il s'agit du salut de la Patrie, la lenteur des jugements équivaut à l'impunité !"
Pourtant, ce Tribunal ne laissera pas le souvenir d'avoir péché par lenteur ou indulgence. Ceux qui l'ont créé utiliseront les arguties de la coalition européenne contre la France (la faute à qui ?) et des soulèvements de 60 départements sur 85. Jules Michelet, dans son Histoire de la Révolution utilisera le terme de poignard planté dans le dos des jeunes armées républicaines. Il y a quelques analogies avec la façon dont sont traités les actuels opposants aux décisions gouvernementales, je pense à ceux qui protestent dans le calme ou avec des casseroles.
Vergniaud, le député le plus éloquent des Girondins, déclare à la tribune de la Convention : " Robespierre nous accuse d'être devenus tout à coup des modérés, des Feuillants. Nous, modérés ! Je ne l'étais pas le 10 août, Robespierre, lorsque tu étais caché dans ta cave! Des modérés ! Non je ne le suis pas dans ce sens que je veuille éteindre l'énergie nationale. Si, sous prétexte de révolution il faut, pour être patriote, se déclarer le protecteur du meurtre et du brigandage, alors je suis modéré !
Le Tribunal révolutionnaire a pour vocation de juger tous ceux qui sont suspects de porter atteinte à "la Liberté, l'Egalité, l'Unité, l'Indivisibilité de la république ou de comploter pour rétablir la royauté". Ce qui fait beaucoup de monde ! Robespierre, à la tribune de la Convention rappelle que "Le Tribunal révolutionnaire ne connaît qu'une sorte de délit : la haute trahison ; il n'applique qu'une seule peine : la mort."
Vergniaud doit commencer à perdre la foi en la révolution qu'il a prêchée : "On cherche à consommer la révolution par la terreur ; j'aurais voulu la consommer par l'amour !".
A son tour Marat prend la parole pour justifier le Tribunal révolutionnaire: " C'est par la violence que doit s'établir la liberté et le moment est venu d'organiser momentanément le despotisme de la liberté pour écraser le despotisme des rois ! "
Vergniaud: "Donnez un verre de sang à ce cannibale : il a soif !"
Attaqué par les Girondins Marat le haineux, porte-parole des sans-culottes responsable en grande partie des Massacres de septembre, est mis en accusation devant le Tribunal révolutionnaire. Il va se cacher après l'intervention du député Buzot qui a déclaré : "Quant à Marat, je le pense et je le déclare, la majorité de Paris applaudira au décret qui chassera cet homme impur du sanctuaire de la liberté ; dans nos départements, on bénira le jour où vous aurez délivré l'espèce humaine d'un homme qui la déshonore." Lecointe en rajoute une couche : "Je vous dénonce un homme qui ne cesse de tapisser les murs de ses déclarations incendiaires. Un homme en état de démence !"
Voilà quelques jours passés dans une assemblée de la Convention :" ça chauffe !". Ce sont leurs fameuses valeurs républicaines. Nous les voyons vociférer dans les tribunes de leurs ancêtres Montagnards ; seuls les lieux ont changé et un peu l'habillement !