NOTRE DAME BRÛLE, par Jean-Jacques Annaud
Le film de Jean-Jacques Annaud (Le nom de la rose) "Notre Dame brûle" passait sur OCS hier soir. Je suis heureux de ne pas avoir dépensé le prix d'un billet pour le voir dans une salle de cinéma. Si la mise en scène est de qualité l'histoire n'est pas forcément respectée sauf bien sûr les interventions des Soldats du feu.
Pour moi l'incendie dans les tours est quelque peu dramatisé et le feu dans la chambre des cloches quelque peu exagéré même s'il y a eu une intervention salutaire des pompiers dans les tours pour stopper quelques départs de flammèches. A priori nous n'avons pas entendu parler de la reconstruction du charpentage de la chambre en cet endroit. Mais c'est du J-J Annaud.
Alors que l'incendie faisait encore rage en ce Lundi Saint 19 avril 2019, en l'absence de toute enquête - et pour cause - la version officielle expliquait qu'il s'agissait d'un incendie accidentelle du à la négligence. Version reprise par le réalisateur, reprenant cette hypothèse, qui nous montre les ouvriers, montant l'échafaudage destiné aux travaux sur la flèche de Viollet le Duc, en train de fumer après leur casse-croûte sous un panneau, cigarette barrée, mentionnant l'interdiction de fumer et un mégot, emporté par le vent, roulant dans les combles. Mais aussi des ouvriers coupant à la meuleuse des tubes destinés à l'échafaudage avec les sciures rougeâtres tombant sur les combles. Mais aussi des câbles électriques, fixés à des plots en porcelaine, courant sur le plancher de visite de la charpente et un pigeon tombant sur ces câbles déclenchant un court-circuit. Pourtant deux documentaires avaient été réalisés quelques semaines auparavant ; l'un consistait en un reportage sur la charpente, non empoussiérée, tourné avec le seul éclairage autonome du vidéaste et l'autre sur l'employé chargé de remonter, chaque semaine, le mécanisme d'horlogerie activant les cloches de la flèche (donc non électrifiées).
Bien évidemment on n'a pas retrouvé le mégot incriminé, bien que les ouvriers interrogés aient nié avoir fumé, ni le pigeon coupable de négligence.
Par contre, soyons positif, le réalisateur a su reconstituer la ferveur de la foule, dont un grand nombre de personnes à genoux, implorant Notre Dame en chantant Je vous salue Marie émouvant un pompier qui les entend.
Enfin, un dernier point, la vitesse à laquelle le feu a pu se propager et détruire en moins de deux heures la totalité d'une charpente en chêne vieille de 500 ans, chêne archi-sec. Le ministre de l'Intérieur de l'époque, l'inénarrable Castaner, avait doctement expliqué que le bois était très sec. Si il a une cheminée il faudra qu'il m'explique comment faire brûler du chêne de 10 ans dans ma cheminée sans mettre dessous un peu de bois résineux voire un peu d'alcool à brûler ; et encore le chêne ne se consume que doucement. Alors du chêne sec depuis 500 ans !
A titre de comparaison l'incendie de la toiture de la cathédrale de Nantes, en 1972 à cause d'un chalumeau, avait duré 6 heures pour une surface bien moins grande que celle de Notre Dame ; l'incendie de la basilique Saint Donatien, toujours à Nantes, en 2015, encore à cause d'un chalumeau, sur une surface équivalant à un peu moins le transept de Notre Dame avait duré deux heures et demi ; seuls deux tiers de la toiture avaient été détruits.
Sacré mégot ! Mais Annaud souligne, discrètement, l'incurie du personnel ayant la charge de ce prestigieux lieu de culte et non musée !