ABBE JEAN PICLET CURE DE LOCRONAN

Publié le par culture

ABBE JEAN PICLET CURE DE LOCRONAN

 

Le 27 mai 1792 les Girondins de l’Assemblée législative firent voter une loi contre les prêtres n’ayant pas prêté le Serment à la Constitution civile du Clergé. Beaucoup de prêtres prirent alors le maquis, se réfugiant dans des endroits retirés pour échapper à la persécution et continuer à exercer leur ministère pour le salut des âmes.

C’est ainsi que beaucoup seront pris dans les mâchoires de la révolution sanguinaire méconnaissant, de toute bonne foi puisque chassés de leur Cure, la loi du 18 mars 1793 leur donnant huit jours pour quitter le territoire de la république sous peine de mort.

C’est ainsi que l’abbé Jean Piclet, né en 1739 à Saint Nic (Finistère) était curé de Locronan lorsque  la révolution imposa son système politique, anti catholique prioritairement. Le terme de curé est inapproprié pour la desserte de Locronan ; en effet l’église avait été érigée en prieuré au XIIIème siècle et le prêtre en charge avait le titre de vicaire ; le prieur se nommait Mathieu Le Houarner, qui en sera le dernier prieur, la charge disparaissant avec le Concordat ; il prêtera serment à la Constitution et obtiendra le poste de vicaire sous le même Concordat.

L’abbé Jean Piclet refusa de prêter le serment et se rendit volontairement à Quimper, en Janvier 1793. Il fut interné d'abord à la maison d'arrêt puis un mois après, avec 53 autres prêtres, dans l’abbaye cistercienne de femmes de Kerlot transformée en prison par un système dont la devise commençait par le mot « Liberté » ! Au nom du même principe ils seront 90 en novembre. Ils seront ensuite tous  transférés dans l’ancien couvent des Capucins à Landerneau, transformé lui aussi en prison.

Éloignés de 65 Km de leurs racines Cornouaillaises il signe, en décembre 1794, avec d’autres confrères, une pétition pour obtenir leur rapatriement  à Quimper « Plongés dans la misère, manquant presque de pain, réduits à un seul repas par la modicité du traitement fixé pour notre subsistance, nous avons besoin d'être à portée des secours de ceux avec lesquels nous sommes unis par les liens du sang et de l'amitié ».

Leur demande enfin entendue ils furent conduits à Quimper le 13 février 1795, il y a 226 ans. Le pays vit sous le régime de la Convention thermidorienne, en liberté surveillée pourrions-nous dire.

En effet si les Représentants en mission Guezno (Mathieu Guezno de Botsey 1763-1839, régicide) et Guermeur (Jacques Guermeur, 1750-1798, régicide) prennent à Lorient le 24 décembre 1794 un arrêté annulant toutes les persécutions contre les prêtres réfractaires cela n’empêche pas l’action des délateurs.

 

ABBE JEAN PICLET CURE DE LOCRONAN

Alors que l’abbé Piclet est à Douarnenez où il célèbre la messe en la chapelle Sainte Hélène il est dénoncé à l'agent national Tréhot, du District de Pont-Croix, par Piriou, agent national résidant à Douarnenez.

« 8 floréal An III (28 avril 1795) CITOYEN,
Je te préviens que le cit. Piclet cidevant curé de Locronan, arriva icy le 6 courant ; il a dit la messe le 7 à la chapelle helene (sic !) qui continue de servir à la desserte du culte catholique ; hier matin il l'a dite dans une maison particulière. Je lui écrivis hier après midy, tu trouveras ci-après sa réponse pour ta gouverne qui sera la nôtre » :
« Le 8 Floréal l'an 3ème de la République une et indivisible.

CITOYEN,
A ma sortie de Quimper, n'ayant pas eu connaissance de l'arrêté du 6 Germinal dernier, pris par les citoyens Guezno et Guermeur, je n'avais élu mon domicile, mais je vous déclare citoyen que je le prends ici et qu'en conséquence, le District de Pont-Croix, ayant accordé au citoyen Billiec une église, je me flatte qu'il voudra bien m'en désigner une... Salut et fraternité,
PICLET ».

Tu verras s'il y a lieu de lui accorder ses prétentions, je ne le crois pas, puisqu'il ne nous reste qu'une (église note SCB) que sert à l'Exercice du culte, l'autre est en vente, qu'il l'achète. Salut et amitié,
PIRIOU, Agent national ».

Le 15 Novembre, le Directoire persécuteur étant à la manœuvre depuis le 26 octobre 1795, l’abbé Piclet est arrêté et interné au Collège de Quimper. A la date du 7 Germinal, an IV (27 Mars 1796), un certificat médical lui est délivré :« Piclet, à la suite d'une maladie longue qu'il a contracté il y a plusieurs années, a éprouvé et éprouve encore des douleurs aiguës à la cuisse droite, qui ont raccourci cette partie au point de le faire boiter considérablement et de rendre la marche difficile et pénible ».

Le 20 Novembre 1797, alors qu’il sortait de prison et se préparait à l’exil il est arrêté pour la troisième fois.

Le 7 Août 1798  il est expédié à la citadelle de Saint-Martin de Ré. C’est là que sont entassés tous les prêtres et religieux destinés à la déportation en Guyane. Mais les Anglais font le blocus du pertuis d’Antioche et ces malheureux sont entassés dans des conditions épouvantables par les tenants de la « Liberté » !

1080 prêtres et religieux y seront détenus d’août 1798 à novembre 1801 ; 68 trouveront la mort dans cette citadelle et le Consulat ne se penchera pas sur ces pauvres hères détenus dans des conditions misérables : pain noir et grossier, vin âpre et répugnant, morue rance et dégoûtante, des haricots tellement vieux qu’impossibles à cuire ; heureusement de braves gens venaient leur apporter quelques subsistances.

L’abbé Jean Piclet, à bout de force et de souffrances rend son âme à Dieu le 8 février 1801 ; il avait 62 ans,  c’était il y a 220 ans ! Encore les "Valeurs de la république" !

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :