VANNES : MÉMOIRE DU BIENHEUREUX PIERRE-RENÉ ROGUE

Publié le par culture

VANNES : MÉMOIRE DU BIENHEUREUX PIERRE-RENÉ ROGUE

Le 10 mai de chaque année le Diocèse de Vannes fait mémoire du Bienheureux Pierre-René Rogue, prêtre insermenté,  guillotiné le 3 mars 1796, confesseur de la Foi, martyr de l'Eucharistie qu’il allait porter à un mourant. A qui ? Seuls la ou les personnes et le Bienheureux le savent. Si c’était un mourant ce n’est pas celui-ci qui avait appelé le Père Rogue mais une tierce personne. Or après la période de persécution personne ne s’est manifesté pour dire « Le Père Rogue venait chez nous ». Étrange, non ?

 

A moins que ce ne fût un piège tendu par ceux qui voulaient l’abattre. Pourquoi pas ? J’émets cette hypothèse que je n’ai vu soulevée nulle part. Son arrestation a eu lieu dans le couloir de la maison (comme le précise la plaque apposée) du 9 rue de l’Hôtel de ville (actuelle Emile Burgault). Dans le couloir de la maison, pas dans la rue (comme on le lit chez des auteurs mais qui se reprennent tous en boucle) ; on peut présumer que le prêtre était attendu vue la précision de l’arrestation : Dans la maison et non dans la rue. Je suis convaincu, à force d’y avoir réfléchi, que c’était un piège.

En ce 24 décembre 1795, vers les 10 H du soir, il est arrêté par deux individus. Leurs noms ne sont pas connus ; on sait seulement que l'un et sa famille sont les protégés de madame Rogue ! Belle  reconnaissance.

 

Il est enfermé dans la Tour prison, prison municipale. Son premier geste sera de s’isoler pour absorber l’hostie consacrée afin qu’elle ne risque pas d’être profanée.

 

En cette période où nous subissons par ordre de l’Etat les contraintes du confinement et plus péniblement le confinement religieux, pensons combien l’emprisonnement a du être pour lui le pire des confinements : pas de sortie, pas de possibilité de célébrer la messe.

Pierre-René Rogue sera guillotiné, après une caricature de procès, le jeudi 3 mars 1796 ; il avait 37 ans. Il est inhumé au cimetière de Boismoreau. Une croix est mise par sa maman ; quelques temps plus tard c'est un joli monument associant le granit et le tuffeau qui sera érigé sur sa tombe où repose aussi son ami, l'abbé Alain Robin exécuté en même temps que lui.

 

Monseigneur Gouraud, évêque de Vannes en 1907, s'intéresse au cas de ce prêtre, qui est déjà déclaré comme martyr de l'Eucharistie, Confesseur de la Foi et quasiment canonisé par la population qui honore sa mémoire par le dépôt d'ex-voto dont certains sont adressés à « saint Rogue » !

Sa cause est introduite en Cour de Rome ; Pierre-René Rogue est proclamé Bienheureux par le Pape Pie XI le 10 mai 1934, Monseigneur Tréhiou étant évêque  de Vannes, en pleine période de gauchisme athée qui va amener la catastrophe du Font Populaire, alors que commencent en Espagne les persécutions religieuses à l'origine de la guerre civile.

Il y a 86 ans, les travaux de fouilles ont commencé après que tous, des autorités religieuses aux autorités civiles (commissaire de police, médecins légistes, fossoyeurs) aient prêté serment sur les Évangiles.

 

Né à Vannes le 11 juin 1758 Pierre-René Rogue est ordonné prêtre par Monseigneur Michel Sébastien Amelot  le 21 septembre 1782. Il fait partie de l’ordre des Lazaristes (c’est pourquoi on l’appelle Père et non Monsieur l’abbé).

 

Ses reliques reposent dans la cathédrale de Vannes depuis le mercredi 4 juillet 1934.

 

En partant à la guillotine il chantait ce cantique de sa composition : « Que mon sort est charmant, Mon âme en est ravie ! Je goûte en ce moment Une joie infinie. Que tout en moi publie Les bontés du Seigneur ; Ma misère est finie, Je touche à mon bonheur. O Monarque des cieux, O Dieu, plein de clémence, Daignez arrêter les yeux  Sur les maux de la France !

Puisse ma pénitence, Égale à ses forfaits, Désarmer ta vengeance, Te la rendre à jamais ».

 

Sur les 25 prêtres guillotinés (Morbihan), les 32 morts sur les pontons de Rochefort (Bretagne), les 11 morts à Saint Martin de Ré (Bretagne), les 16 morts déportés en Guyane (Bretagne), les 59 assassinés (Morbihan et bordures du Morbihan), les 71 noyés en Loire (Bretagne) seules deux victimes de la barbarie révolutionnaire seront béatifiées : le Bienheureux Pierre-René Rogue et l’abbé Joseph Bécavin, prêtre de Carquefou, massacré aux Carmes le 2 septembre 1792. On ne peut pas dire que l'Eglise ait abusé de sa reconnaissance envers ses fidèles serviteurs.

 

Dans son homélie de ce matin, en la chapelle Sainte Catherine (Saint Patern) de Vannes, l’abbé Amaury Brillet a évoqué le souvenir du Bienheureux.

Monseigneur Centène, évêque de Vannes, a célébré la messe sur l’autel sous lequel est la châsse contenant le gisant et les reliques du Bienheureux Pierre-René Rogue.

 

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