REDON EST PRISE PAR SOL DE GRISOLLES, 10 NOVEMBRE 1799

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REDON EST PRISE PAR SOL DE GRISOLLES, 10 NOVEMBRE 1799

IL Y A 220 ANS EXACTEMENT. Le 2 novembre, sous les ordres de Louis-Charles de Sol de Grisolles, les Chouans de la région de Redon, Rhuys, Malestroit prennent La Roche Bernard puis Questembert et Rochefort en Terre le 7.

A Lohéac, le 7, les Chouans interceptent un message du capitaine Gély au général Michaud, de l’Etat-major du général Hédouville à Rennes, sur l’insuffisance des 60 hommes de la garnison de Redon pour garder l’important magasin d’armes et de vêtements militaires provenant de deux bateaux destinés à Nantes mais réfugiés dans le port de Redon à cause d’avaries.

L’ancienne abbaye et le clocher renfermaient vingt cinq milliers de livres de poudre, 1200 paires de chaussures, 200 paires de bottes, des selles en quantité et de vieux canons.

L’ordonnance capturé à Lohéac s’échappa et retourna à Redon prévenir le capitaine Gély qui organisa la défense de la ville et des retranchements pour assurer la protection de l’abbaye-entrepôt, de la mairie voisine (qui n'est pas l'actuelle) et de la tour clocher, séparé de l'abbatiale depuis le funeste incendie de 1780, parti du buffet d'orgue (certainement un court-circuit comme à Notre Dame de Paris !!!).

Dans son rapport à son chef, le général Michaud, le capitaine Gély écrit :"Des patrouilles multipliées se succédaient chaque nuit mais ne pouvaient s’étendre trop loin, crainte de surprise. 5 H le 10 novembre, je fus visiter toutes mes sentinelles. Le plus grand calme régnait. Je rentrai lorsque trois ou quatre coups de fusil partirent près du poste de la prison ; je criai « aux armes » ; la garde sortit, les sentinelles se replièrent. L’ennemi avait déjà cerné la ville aux deux extrémités. Les postes n’eurent que le temps de se retirer à grande hâte au temple (l’église) que nous occupions à l’abri des retranchements que nous avions élevés". 

Au nombre de 1.500, les Chouans pénètrent de toutes parts et ne rencontrent qu’une faible résistance jusqu’à l’îlot formé par la mairie, la tour-clocher, le monastère, l‘église transformée en forteresse improvisée où se sont retranchés le capitaine Gély et la garnison. Il s’y trouve aussi de nombreux habitants angoissés dont une foule de femmes, de vieillards et d’enfants.

N’ayant pu obtenir la capitulation des assiégés, les Chouans après deux heures d’échanges de coups de feu les somment de se rendre et de déposer les armes avec la seule faculté d’emmener leurs bagages.

Le capitaine Gély refusa ; il relate dans son rapport :

"L’ennemi s’empara des maisons qui nous entouraient et avait, ainsi que nous, les moyens de se soustraire au feu. Le ci-devant couvent des Bénédictins que nous occupions est immense. Une force aussi peu conséquente que la nôtre ne pouvait garder entièrement les communications de ce bâtiment. Le feu ayant duré deux heures, l’ennemi envoya deux parlementaires qui s’introduisirent par les arrières et me firent connaître verbalement que nous étions sommés, de la part du chef rebelle, de nous rendre si nous ne voulions pas y être contraints par la force et l’incendie des bâtiments qui nous couvraient. Nous fîmes réponse également verbale que nous n’entrions dans aucune capitulation et que nous avions par devers nous  les moyens de nous défendre. Alors nous arborâmes sur les retranchements le drapeau tricolore, au chant de La Marseillaise. Nous continuâmes le feu durant quatre heures.

Nous nous aperçûmes que l’ennemi faisait amonceler des fagots et de la paille pour mettre à exécution ses menaces d’incendie. Ces préparatifs faits, il envoya derechef nous sommer par écrit de nous rendre, nous donnant vie et bagages saufs, nous faisant connaître que deux pièces de quatre, prises à bord d’un bâtiment, étaient disposées pour battre nos retranchements et que, passé ce moment, il n’accorderait aucune capitulation. Je lui fis réponse, par écrit, que nous ne nous rendrions qu’en sortant avec armes et bagages, vies et propriétés sauves pour tous les habitants de la commune.

J’avais rassemblé, pour conférer sur cette sommation, le citoyen  Chevalier -commissaire du Directoire exécutif- mon sergent-major et mon fourrier.

Le citoyen Chevalier et mon fourrier se chargent de ma réponse qui fut refusée, l’ennemi s’obstinant à avoir nos armes. Au bout d’une heure de continuation du feu, il me fut fait une dernière sommation sous les premières conditions. Je m’en tins à mes dernières qui me furent enfin accordées. Le feu cessa de part et d’autre. J’eus un quart d’heure de conférence avec le chef ; je lui recommandais deux hommes blessés dangereusement ; j’obtins une voiture pour deux autres blessés légèrement et nous fûmes obligés de défiler par la route de Nantes vers trois heures de l’après-midi.

L’ennemi a dû perdre quatre hommes et une douzaine de blessés. Sa force me sembla être de 900 ou 1.000 hommes, tous armés, dont la moitié paysans, le reste guère aguerris. Il est notoire que nous eussions pu encore tenir des heures, si nous eussions été sûrs d’un secours mais alors, à cet effet,  nous eussions été à discrétion, au pouvoir d’un ennemi furieux. D’ailleurs nos arrières interceptés nous ôtaient les moyens de nous pourvoir en eau dont les combattants avaient le plus pressant besoin.

Arrivés sur la route de Nantes, je crus devoir me diriger sur Bain (Blain note SCB) où j’avais une partie de ma compagnie. Quatorze bourgeois nous suivirent avec leurs armes et le drapeau de la Garde Nationale. M’étant aperçu qu’il manquait un de mes soldats je m’assurais par ses camarades qu’il était demeuré avec les rebelles. Sa conduite me surprit d’autant qu’il s’était parfaitement comporté pendant l’action. Ce militaire est un étranger Ecossais, incorporé depuis l’affaire de Quiberon où il était débarqué avec les Anglais.

Louis-Charles de Sol de Grisolles (natif de Guérande, sa mère est Madame de Sécillon famille propriétaire du château de Trégouët en Béganne) s’empara alors dans le magasin installé dans l’ancienne abbaye  de fournitures, d’armes et de poudre qu’il fait évacuer par bateaux, sur la Vilaine,  pour les entreposer au château de Trégouët à Béganne. Comptant prolonger son séjour il réquisitionne aussi des charpentiers pour confectionner nuit et jour des affûts de campagne afin d’utiliser ainsi les canons et pierriers tombés en son pouvoir.

Sol de Grisolles ne sait pas encore que la veille, 9 novembre, 18 brumaire, le Directoire est tombé par le Coup d'Etat de Napoléon Buonaparte. Et que la dictature Directoriale va cesser...avant qu'une autre ne s'installe !

Son occupation de Redon ne va durer que quatre jours, le temps de faire le ménage dans les réserves républicaines !

 

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