UN MAIRE COURAGEUX : JACQUES BOMPARD, maire d'Orange (Vaucluse).

Publié le par culture

UN MAIRE COURAGEUX : JACQUES BOMPARD, maire d'Orange (Vaucluse).

            Le 9 juillet dernier, Jacques Bompard, Maire d'Orange (Vaucluse), a inauguré un monument à la mémoire des victimes de la Grande Terreur dans cette ville, en juin-juillet 1794 ; cette ville relevait alors du Représentant en mission Etienne-Christophe Maignet qui y fit siéger un tribunal révolutionnaire présidé par Fauvety Protestant "au cœur d'acier". Entre le 6 mai et le 19 juin 800 personnes sont incarcérées. 595 seront "jugées".

Les directives du Comité de Salut Public données à Maignet le 18 mai 1794 sont claires : «Les membres de la Commission établie à Orange sont nommés pour juger les ennemis de la Révolution. Les ennemis de la Révolution sont tous ceux qui par quelques moyens que ce soit, et de quelques dehors qu'ils se soient couverts, ont cherché à contrarier la marche de la Révolution. La peine due à ce crime est la mort. La preuve requise pour la condamnation sont tous les renseignements, de quelque nature qu'ils soient qui peuvent convaincre un homme raisonnable et ami de la liberté

              332 sont condamnés à la guillotine : les 32 religieuses originaires de Bollène (22), Caderousse (1), Pont Saint-Esprit (4), Avignon (2), Pernes (1), Sisteron (1), Carpentras (1) et de dangereux terroristes risquant de mettre en péril la jeune république :  36 prêtres et religieux, 43 paysans, 13 cordonniers, 12 femmes, 11 soyeux, 3 cardeurs de laine, 6 orfèvres, 6 charpentiers menuisiers ou charrons, 5 aubergistes, 5 tailleurs, 5 maçons, 3 boulangers, 3 maréchaux-ferrants, 2 bouchers, 2 chapeliers, 2 cordiers, 2 meuniers, 2 selliers, 2 couturières, des fondeurs, foulonniers, messagers, pâtissiers, quincaillers, taillandiers, vanniers, relieurs, colporteurs, commis ou domestiques !

                 La guillotine est dressée là où se trouve le théâtre municipal. Un mausolée de la mémoire fut édifié en 1825 par Auguste Caristie en 1825 (auquel nous devons la chapelle du Champ des martyrs de 56 Brec'h et le mausolée de La Chartreuse aussi à Brec'h). Ce mausolée de la mémoire sera démoli, comme dans d'autres endroits tels que l'Ouest, en 1848, sous la présidence du roi de la république Louis-Philippe.

Le monument inauguré le 9 juillet se dresse à quelques mètres de l'endroit où coulèrent des flots de sang.

UN MAIRE COURAGEUX : JACQUES BOMPARD, maire d'Orange (Vaucluse).UN MAIRE COURAGEUX : JACQUES BOMPARD, maire d'Orange (Vaucluse).

Du à l'artiste Boris Lejeune l'allégorie représente deux femmes ou religieuses qui s'apprêtent à franchir la porte du Ciel-guillotine, surmontée d'un ange qui les attend avec une branche de palme, la palme du martyre. La finesse du travail de l'artiste ferait presque évoquer une assomption. On est très loin des bronzes massifs, lourdauds de certains personnages. Une belle œuvre !

UN MAIRE COURAGEUX : JACQUES BOMPARD, maire d'Orange (Vaucluse).

Sur le piédestal est fixée la table mémorielle portant, telle une pierre tombale, les 332 noms des victimes assassinées ainsi que le poème d'une des religieuses en forme de "pied de nez" à la guillotine.

UN MAIRE COURAGEUX : JACQUES BOMPARD, maire d'Orange (Vaucluse).UN MAIRE COURAGEUX : JACQUES BOMPARD, maire d'Orange (Vaucluse).

Et bien sûr le tableau (de 1825) dans la cathédrale qui évoque la montée des religieuses à la guillotine. Il se trouve maintenant à un bien meilleur emplacement qu'auparavant.

UN MAIRE COURAGEUX : JACQUES BOMPARD, maire d'Orange (Vaucluse).

Le Souvenir Chouan de Bretagne salue donc le courageux maire d'Orange qui a tenu, malgré critiques, insultes et trahisons, à rappeler une page de l'Histoire de la république dont un récemment décédé président aimait à en rappeler les "valeurs fondatrices et fondamentales" !

En 2005 le maire officieux de Vannes, Goulard, nous avait refusé une plaque pour les 200 ans de l'exécution de Pierre Guillemot sous le motif suivant :"Cela pourrait être interprété comme un signe politique !" Le sot, 200 ans après !

Bravo Monsieur le Maire d'Orange.

Il faut rappeler que le Représentant en mission maignet a aussi entr'autres crimes commis celui de Bédoin le 28 mai 1794 qui vit l'exécution de 66 personnes pour le simple arrachage d'un arbre de la liberté. Dans un article récent de Lectures françaises, un lecteur impute ce crime à Suchet le futur duc d'Albufera de Napoléon ; ce qui est faux car le futur maréchal de l'empereur ne fut que l'exécutant des ordres de maignet qui, nouveau Scipion de Carthage, fera répandre de grandes quantités de sel dans les champs pour stériliser la terre. Est-ce pour cela que Bédoin produit d'excellents vins ?

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