NOTRE DAME et QUELQUES PERLES
L'abondance d'émissions sur différentes chaînes et l'apparition de divers invités "spécialistes de tout" permet d'apprécier la mauvaise information de ceux qui viennent discourir et étaler leur suffisance devant les bedas qui les écoutent.
On entend différents âges accordés à la malheureuse cathédrale. La date entendue est celle de la pose de la première pierre. Or ce n'est pas exact ; la date normalement retenue par l’Église est celle de la dédicace et consécration de l'autel majeur. Pourquoi cette date là ? Tout simplement que par cette consécration la Messe peut-être célébrée dans des conditions normales pour recevoir dignement une assemblée ; même si l'édifice, qui a ainsi sa destination d'église affirmée, n'est pas terminé. Dans le cas de Notre Dame la dédicace et consécration de l'autel majeur ayant eu lieu le mercredi 19 mai 1182 elle est donc âgée de 837 ans.
Stéphane Bern nous annonce la découverte, dans les gravats de la nef, du coq gaulois qui coiffait la flèche érigée par Viollet-le-Duc. Ce coq contient des reliques, en particulier "une épine de la croix". Il s'agit évidemment d'une épine de la couronne dont les Romains coiffèrent par dérision le Fils de Dieu la nuit où ils le torturèrent avant de le crucifier. Quant au coq retrouvé dans les gravats c'est un miracle qu'il ait été sauvé par la chute de la flèche tombant dans la nef le préservant ainsi de la destruction par le feu. Ce gallinacé en cuivre n'a rien de gaulois, ce que semble ignorer Bern. Ces coqs qui surplombent grand nombre de nos églises sont là pour rappeler la versatilité de l'homme et le reniement de Saint Pierre "avant que le coq ait chanté tu m'auras renié trois fois".
Entendu également qu'à Notre Dame furent célébrées les obsèques de De Gaulle, de G. Pompidou et de Mitterrand ce qui est faux. Georges Pompidou reçut bien des obsèques nationales en la cathédrale mais pour De Gaulle les obsèques eurent lieu à Colombey les deux églises (avec une messe d'hommage en la cathédrale) et pour Mitterrand à Jarnac avec une co-célébration (c'est à dire au même instant ) par le Cardinal Lustiger qui conclut son homélie adressée à l'agnostique déclaré "Maintenant tu sais !". Le même cardinal qui avait cité de larges extraits de la préface rédigée par Mitterrand pour le livre de Marie de Hennezel "La mort intime" ; comme je l'avais écrit au Cardinal cette préface signée par Mitterrand avait en fait été écrite par l'auteur co-fondatrice, avec Madeleine Trubert, de la secte IVI (Invitation à la Vie Intense).
Les grandes orgues sauvées grâce aux fêtes civiques ; certes mais plus précisément parce que la cathédrale fut profanée par les athées la transformant en Temple de la Raison puis au printemps 1794 en Temple de l'Être suprême avant de devenir Temple de la théophilanthropie lors de la reprise de la persécution des catholiques sous le Directoire (1797-1798). Comme pour ces bacchanales les organisateurs avaient besoin de musique c'est ainsi que fut sauvé ce magnifique instrument.
Un des intervenants parle des cloches dont la chambre a été sauvée du feu par les pompiers et cite le bourdon Emmanuel (seule cloche rescapée de la révolution) remarquable par son très grand poids. Lequel attend-on. Suspens. Or le poids remarquable est de plus de treize tonnes ! (un poids remarquable qui en fait une des cloches les plus lourdes au monde)
Pour terminer la remarque que l'on fait de cette merveille d'abord un lieu lié à la culture, en deuxième un lieu cultuel chrétien, enfin vient, timidement, le mot catholique.
Il faudrait remettre de l'ordre dans ces notions. Ceux qui, dès 1163, ont fait surgir du sol ce remarquable édifice depuis les terrassiers, les manœuvres, les maçons, les tailleurs de pierre, les sculpteurs, les menuisiers, les "grutiers", les architectes puis les charpentiers, les couvreurs et les maîtres-verriers ont voulu une très belle église en l'honneur de sa Sainte Patronne et de Dieu. Et il fallait le plus beau de la pierre, de la sculpture, de l'architecture, une démonstration éclatante de Foi pour y entendre la messe et y recevoir les sacrements. C'est ainsi que la culture chrétienne y a gagné sa visibilité. Maintenant il reste de façon prédominante le terme d'édifice culturel puis édifice cultuel chrétien (Protestant ? Orthodoxe ? Copte ? Melchite ?). Puis lieu de culte catholique ; non Cathédrale (de cathèdre le siège de l'évêque) catholique.
Beaucoup de contorsions pour éviter les noms de Dieu, de catholique, de Jésus, Marie qui n'est que Notre Dame de Paris, difficiles de parler de Semaine Sainte, Résurrection ; Pâques a plus de chance. Mais surtout Stéphane a encore de la peine avec certains mots !