PUY DU FOU PAR UN DIMANCHE FRISQUET

Publié le par culture

PUY DU FOU PAR UN DIMANCHE FRISQUET

Hier dimanche ma petite-fille m’avait invité à l’accompagner au Grand Parc du Puy du Fou.

J’ai accepté avec plaisir d’autant que cela faisait neuf ans que je n’y étais allé.

Je pensais qu’il nous serait facile de nous déplacer, vu la date de fin de saison et la température sympathique due au réchauffement climatique : 7 (sept) degrés soutenus par un vent aigrelet qui buffait Est-nord Est. Mais non il y avait beaucoup de monde.

Que les gradins du Stadium, presqu’archiplein, sont glacés par rapport aux mois de la belle saison ! Mais quel courage pour les acteurs bras et cuisses nus et les nymphes aux tenues légères. Ou ils avaient des dessous chauffants ou ils avaient une promesse de vin chaud après leurs prestations. Malgré tout un spectacle bien réglé comme d’habitude et des fauves jouant leur rôle à la perfection, même pas attirés par la jeune chrétienne pourtant appétissante !

Une pensée émue aussi pour la belle Séraphina dansant les pieds dans l’eau, pour son amoureux (à cheval lui), des farandoles, la robe mouillée jusqu’aux genoux dans Mousquetaire de Richelieu. Une très belle mise en scène.

 

Dans les tribunes de Le bal des oiseaux fantômes  ça "piquait" aussi, avec la ventilation naturelle par en dessous les gradins et les oiseaux n’arrangeaient rien en brassant de l’air froid lors de leurs survols de la foule. L’été c’est agréable mais là ! Quelle splendeur que tous ces oiseaux sauvages dressés à la perfection par les maîtres fauconniers ; l’occasion de plaisanter aussi sur le fait que Hollande avait postulé mais avait  été refusé. Aliénor était bien réchauffée dans sa belle robe blanche. Magnifique le bouquet final avec ces 200 oiseaux, dont des cigognes, qui volent et virevoltent au-dessus des spectateurs. Quel travail de dressage et de patience derrière ce magnifique spectacle !

 

J’ai découvert Le Dernier panache. Bluffant ! Belle mise en scène et le côté technique surprenant où ce n’est plus le plateau qui tourne mais les gradins où sont installés les spectateurs. Cela créé, par le déplacement horizontal (évidemment) et doux, une sensation agréable de voyage. Des moteurs très discrets, des arrêts en douceur pour se fixer en face des différentes scènes, Napoléon à Sainte Hélène, Garde-marine, Brest, l’originale coupe de vaisseau où l’on voit les différents lieux du pont à la soute en passant par les entreponts et la vie différente entre ces quatre étages. Superbe idée. Par contre Washington venant remettre à Charette son diplôme de Lieutenant de vaisseau m’a fait tiquer. D’abord il n’est jamais venu en France et il ne parlait pas le français. Mais c’est un détail. Quant à l’exécution de Charette (on ne l’a pas nanti de la particule) elle a eu lieu non pas devant un mur mais devant la porte en bois d’un jardin (sans doute pour éviter les éventuels ricochets) ; ceux qui étaient avec moi en 2006 ont pu la voir, le musée Dobrée l’ayant sortie de ses réserves à ma demande. Bien entendu le In manus tuas Domine a été dit par  le chevalier juste avant son ordre de tir. Par contre plus agaçant est cette obstination de vouloir donner à Céleste Julie Talour de la Cartrie (ou Carterie), née à Angers (France) en 1753, un accent irlandais sous prétexte qu’elle a épousé, en deuxième noces, un officier d’origine irlandaise (ce qui ne veut pas dire qu’il avait un accent). Charette parlait-il avec l’accent du Midi parce que sa mère était née à Les Vans ? A part ces petits détails un spectacle magnifique dans une immense salle où il ne fait pas froid.

 

Il faisait bon aussi dans les tranchées et abris des Amoureux de Verdun. Ce qui est navrant c’est la rapidité, japonaise presque, en bousculant, avec laquelle les gens passent dans des lieux bien reconstitués nous laissant imaginer la misère de ces malheureux qui ont tout donné pour la Patrie. Les déflagrations assourdissantes,  les crépitements de détonations, le sol qui tremble, les parois qui bougent. Cela rappelle le regretté disparu Chemin creux des Guerres de Vendée ; quelle imagination ont les penseurs, réalisateurs et scénaristes d’une telle reconstitution ! Même l’odeur indéfinissable est présente.

Passage à La renaissance du château visite dans le temps qui permet de voir l’anneau qui serait celui de Sainte Jeanne d’Arc. Mais il aurait fallu commencer par cette déambulation.

 

Et puis il y a Le mystère de La Pérouse. Vous êtes dans les entreponts de l’Astrolabe, dans un vaisseau où courent les ordres, la coque qui craque et gémit ; vous déambulez sur un sol parfaitement stable mais les montages latéraux et de plafond vous donnent l’impression du tangage et du roulis ; en images l’océan est bien visible par les sabords ; c’est visuel mais Julie en  a presque le mal de mer. Une salle à manger des officiers, les réserves de vin et d’alcool, de nourriture, de farine, mais aussi les collections d’objets ou de coquillages collectés par le savant navigateur, les plantes (vraies) entreposées pour être ramenées en France, le passage du Cap Horn qui, instinctivement fait chercher un appui. Remarquable. Et puis, en sortant, la traversée de la coque fracassée sur les rochers du côté de Vanikoro. On reçoit même des embruns. Il n’est pas possible de rester insensible à l’épopée des marins de la Royale. Et là tout est tellement bien imité avec un éclairage tamisé qui ajoute au mystère. Bravo aux concepteurs et scénariste de ce spectacle ambulatoire qui m’a le plus conquis. Il y a seulement une suggestion à faire concernant les animaux.

En effet pour des voyages un peu longs les navires embarquaient des animaux vivants.

D’après l’exposition du Musée de la Marine en juin 2008 « Un voyage de découvertes au siècle des Lumières » l’Astrolabe a embarqué 5 vaches (pour le lait frais et le fromage – important contre le scorbut) et le fourrage conséquent, une vingtaine de cochons, le double de moutons et 200 poulets et poules (pour les œufs). Je me souviens aussi avoir vu les appareils d’horlogerie et des sabliers synchronisés avec ceux des deux navires et qui, 220 ans plus tard, donnaient toujours leurs indications.

 

Dans les spectacles en salle il est demandé de ne pas prendre de clichés ni de filmer. Ou les gens sont sourds ou ils sont bien français !

 

Cette balade puyfolaise, entrecoupée de deux arrêts vin chaud (il ne faut pas oublier l’antigel !) par cette froide journée d’automne fut un vrai régal. Il faudra recommencer lors d’un proche refroidissement climatique ; en été par exemple !

Merci Julie !

 

PUY DU FOU PAR UN DIMANCHE FRISQUET

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