27 AOÛT 1798, DEUX VICTIMES DE PLUS POUR LE DIRECTOIRE.
La Bayonnaise
Elle appareille de Rochefort le mercredi 1er août pour la Guyane avec son chargement de 132 prisonniers.
Le même jour la flotte française est anéantie par les Anglais à Aboukir.
La Bayonnaise est commandée par Jean-Baptiste Edmond Richer natif de Saint Pierre et Miquelon. Il a 26 ans et demi, sa carrière marine a commencé comme mousse à l’âge de 11 ans. Il est secondé par Robert-Thomas Potier de La Houssay et commande à un équipage de 248 hommes et mousses. Il ne semble pas éprouver d’état d’âme particulier à propos de sa « cargaison ».
Ces 132 prisonniers se répartissent ainsi :
119 prêtres ou religieux, dont 13 BELGES,
2 domestiques,
1 laboureur,
1 voleur,
1 voleuse,
1 fondeur de cloches de Chambéry,
1 marchand,
5 déportés politiques, dont un député du département du Mont Blanc, et dont un, décédé à bord, sera jeté par dessus bord.
Ce lundi 27 août, il y a exactement 220 ans,
- l’abbé Ignace Moutiès (selon mon recensement de 1999) ou Moutils (selon deux autres sources), ancien curé du village de Thoux, diocèse d’Auch, dans le Gers, décède dans le plus grand dénuement. Son âge n’apparaît dans aucun document.
- l’abbé Léopold Buchet, âgé de 44 ans, curé de Breurey diocèse de Besançon.
Comme l’ordonne le règlement maritime ils sont jetés par dessus bord. Il est permis de penser que leurs confrères les ont accompagnés dans leur agonie.
Outre un jeune laïc de 32 ans et un autre de 23 ans qui ont eu le même genre d’obsèques ce sera aussi le cas pour : l’abbé Pierre Allagnon (ou Allagon) chapelain à Cahors, le 4 septembre.
Sur ces 132 prisonniers 68 décèdent entre le 27 août et mai 1799. UN seul prêtre belge rentrera chez lui.
Après quelques temps, La Bayonnaise reprend la mer ayant embarqué 30 soldats qu’elle ramène en France ainsi que du courrier pour la Guadeloupe
C’est en approchant des côtes françaises, alors que Richer voulait accoster à Rochefort, qu’elle va faire oublier ce transport calamiteux par un combat glorieux. Le 14 décembre elle s’accroche avec la frégate de 12 l’Ambuscade (32 canons de 12) qui veut lui interdire l’accès à l’embouchure de la Charente. Après un combat-poursuite de plusieurs heures, Richer voit qu’il ne fait pas le poids contre la frégate anglaise et décide de la prendre à l’abordage en faisant passer son mât de beaupré sur le tribord arrière permettant aux marins et soldats de pouvoir passer sur le pont anglais, chose qu’il ne pouvaient pas faire autrement leur corvette étant plus basse sur l’eau.
L’attaque réussit au prix de pertes se chiffrant ainsi : Dix marins anglais tués, dont le commandant en second et le quartier-maitre, et 36 blessés plus ou moins grièvement. La Bayonnaise a eu 25 tués et 30 blessés dont son capitaine Richer et son commandant en second La Houssay.
L’arrivée à Rochefort sera assez épique puisque c’est le navire vaincu qui remorque le navire vainqueur mais hors d’état de naviguer.
Lors de son retour en Angleterre le capitaine anglais passera en cour martial mais sera finalement blanchi. L’Ambuscade deviendra l’Embuscade sous pavillon français avant que les Anglais ne récupèrent leur bien en 1803.
La Bayonnaise terminera sa vie le 28 novembre 1803 en Espagne sur la côte du Finisterre en Galice quand Richer, qui la commandait encore (malgré son bras gauche amputé après Rochefort), l’échoua et l’incendia pour échapper aux Anglais.