PLUMELIAU, 31 MAI 1796, ASSASSINAT DE L’ABBÉ JOSEPH LE TURNIER
IL Y A 220 ANS...
Joseph Le Turnier est né en 1764 au village de Kerbédic, à une trentaine de kilomètres de Baud, dans le Morbihan ; il est le fils de Jean Le Turnier et de Claudine Guillouzo.
Joseph est ordonné prêtre par Monseigneur Amelot en la chapelle du Méné (rasée en 1968) le 20 mars 1790. Son évêque le nomme vicaire à Pluméliau et desservant de la chapelle Saint Hilaire.
Il refuse le serment à la Constitution et, dès 1791, il est l’objet d’attaques de la part du nouveau curé constitutionnel François Robo à un point tel qu’il quitte la cure ; grâce à de nombreuses complicités il se cache et exerce son ministère sacerdotal en échappant régulièrement aux Bleus avec la complicité active de Joseph Le Strat, trésorier de la chapelle, qui lui donnait asile. C’est à Joseph Le Strat que l’on doit les renseignements sur l’abbé Le Turnier.
Dénoncé en 1796 comme réfractaire « fanatique, monstre souillé de sang, prêchant l’assassinat des jacobins » il est intercepté dans un champ de seigle, dans lequel il avait cherché à fuir, alors qu’il essayait de gagner une prairie voisine.
C’était le 31 mai 1796. Il est ligoté et emmené au village de Saint Hilaire, attaché à un puits pendant que ses gardiens entrent dans la maison de Le Strat pour boire. Enfin le cortège repart dans la direction de Saint Nicolas des Eaux, et, au lieu-dit Boternau les Bleus auraient entendu des détonations ; craignant que des Chouans viennent libérer leur prisonnier, sur le bord du fossé ils assassinent l’abbé Joseph Le Turnier de dix huit coups de lance dans le corps et de deux coups de sabre en forme de croix sur le sommet de la tête. L’acte de décès signale « qu’il est décédé à dix heures du soir dans la lande de Saint Hilaire ».
L'abbé Joseph Le Turnier avait 32 ans.
Les Bleus rentrent à Pluméliau, leur crime accompli, non sans avoir dépouillé le cadavre. La nouvelle du meurtre se répand aussitôt et ses paroissiens viennent veiller son corps avant de l’inhumer au cimetière de Saint Nicolas (ou dans la chapelle Saint Nicolas ?).
En 1845 il fut exhumé et inhumé dans la chapelle de Saint Hilaire, sous la corde de la cloche. Mais en 1854, les fidèles obtinrent que ses restes soient inhumés dans le chœur de la chapelle, lieu bien plus honorable.
Le 31 mai 1896, 23 ans après la totale restauration de la chapelle, on célébra solennellement le centenaire de son martyre ; dans le pays, l’abbé Joseph Le Turnier est considéré comme un saint et son tombeau, recouvert d’une inscription en breton, est toujours honoré. Une statue du saint homme a été installée en 1996, face à la porte d’entrée, lors des cérémonies du deuxième centenaire de son assassinat. La chapelle est très bien entretenue et la dalle mortuaire, qui est rédigée en breton (local ?) fleurie.
Une croix marque le lieu de son supplice, en réalité à quelques mètres vue la modification des tracés routiers.