LONDRES, MERCREDI 4 NOVEMBRE 1795, MORT de LOUIS-CHARLES d'HERVILLY

Publié le par culture

Ce mercredi 4 novembre 1795, il y a 220 ans, Louis Charles Le Cat, comte d’Hervilly meurt de la blessure reçue le 16 juillet dans l’attaque de Sainte Barbe en Plouharnel.

Embarqué sur un vaisseau anglais qui est au mouillage dans la baie de Quiberon, il sera rapatrié avec les restes du corps expéditionnaire, réduit à quelques rescapés, le 20 juillet.

Soldat déconcertant, au palmarès respectable il sert au régiment Royal-Infanterie, et participe à la guerre aux Amériques d’où il revient en 1783 avec le grade de colonel.

Il est mis à la tête du régiment Rohan-Soubise stationné à Rennes. En 1791 ce Régiment deviendra le 84ème régiment d’Infanterie de Ligne.

Lorsqu’éclatent des troubles à Nantes le 25 mai 1790 (contre les Droits d’Octroi) puis le 10 avril 1791 c’est Charles d’Hervilly, avec son Régiment Rohan-Soubise qui est appelé par le Maire, Kervegant, pour ramener le calme. L’opération achevée, refusant de saluer et d’acclamer le drapeau tricolore, le maire de la ville le fera partir.

Il quitte Rennes et vient s’établir à Paris ; nommé Maréchal de camp et commandant de la cavalerie de la Garde constitutionnelle du Roi, il n’émigre pas quand la situation se dégrade sous la pression des mercenaires de la Commune de Paris et reste fidèle au roi ; il participe activement à la défense du Palais des Tuileries le 20 juin 1792 lors de l’attaque par des émeutiers du faubourg Saint Antoine. Il assure la protection rapprochée du Roi, de la famille royale et de ceux qui n’ont pas abandonné le Roi.

Le 10 août, il est toujours là et demande à Louis XVI d’aller chercher des armes à l’arsenal. Le Roi qui n’a pas appréhendé la gravité de la situation refuse. Nous connaissons la suite.

Est-ce lui qui a porté l’ordre de cessez-le-feu, mortifère pour eux, aux fidèles Gardes suisses ? La question reste posée, aussi, de l’authenticité de l’ordre qu’aurait écrit Louis XVI.

Louis-Charles d’Hervilly quitte alors la France pour la Grande-Bretagne.

Trois ans plus tard il est à bord de La Pomone, frégate de construction française capturée par les Anglais lors de la Bataille au large de l’île de Batz le 23 avril 1794 et devenue depuis le HMS Pomone. Le commandant de l’escadre, capitaine de la frégate Flora qui captura La Pomone, était John Warren.

Aujourd’hui le commandant de l’Escadre qui vogue – croit-on – vers Jersey est le Commodore (Capitaine de vaisseau) John Warren qui commande sur la frégate qu’il a capturée 14 mois plus tôt. Est-ce parce qu’il apprécie les constructions françaises ou par dérision envers les révolutionnaires auxquels il l’a prise ? 

Au large, les consignes données par Windham, Ministre de la guerre, faisaient du comte d’Hervilly le commandant des forces embarquées ; une fois débarquées ces forces passaient sous le commandement du comte de Puisaye. La destination était Quiberon.

Ce commandement à double chefs va entraîner un quiproquo mortel pour l’expédition et son échec final. D’Hervilly ne faisant pas confiance à la reconnaissance effectuée à terre par Tinténiac et Bois-Berthelot, La Pomone arrivée à destination il se fera débarquer, afin d’aller inspecter par lui-même le terrain que pourtant Tinténiac, avec sa chemise blanche au bout d’une perche lui avait signalé comme libre depuis le tumulus Saint Michel de Carnac.

Deux jours perdus !

S’irritant contre l’euphorie et la joie des Chouans accueillant leurs libérateurs, son attitude méprisante avait fait sur les Bretons l’effet d’une douche froide. Suivront ensuite une série de vexations stupides, en commençant par la messe pour les nobles dans l’église Saint Cornély de Carnac, en ne reconnaissant pas l’aptitude au combat des guerriers Chouans, en retardant bêtement l’avancée dans les terres pour protéger leur site de débarquement et les nombreuses armes (et nourriture) débarquées.

Court-circuitant Puisaye, à l’autorité insuffisante voire inexistante, lançant des attaques pour décider du repli immédiat – en particulier dans l’attaque de Sainte Barbe – refusant parfois d’associer les Chouans à son Régiment D’Hervilly – ancien Royal-Louis- toutes ces stupidités et cet orgueil déplacé engendrent une cacophonie qui entraîne inéluctablement la ruine de ce qui aurait pu être une belle entreprise : le cours de l’Histoire en eut été changé.

Touché par un biscayen (mousquet utilisant des balles en fer ou en fonte) à la poitrine – un témoin parle du haut de la hanche – d’Hervilly fut évacué sur La Pomone, Puisaye en profita pour y amener ses papiers personnels et « oublia » de retourner au combat. Le marquis de Sombreuil récupéra cette affaire devenue faisandée et en paya le prix.

Ce mercredi 4 novembre 1795, Louis-Charles le Cat, comte d’Hervilly, est inhumé dans le cimetière St Pancras Old Church de Londres, le seul cimetière où puissent être enterrés les catholiques.

En 1860 les travaux du Chemin de fer pour la gare de Londres virent la disparition d’une partie du cimetière et des tombes. Les ossements furent rassemblés dans un ossuaire sur lequel Angela, baronne Burdett-Coutts, une richissime bienfaitrice, fit construire un monument. Sur la plaque de l’une des faces figure le nom de Louis-Charles d’Hervilly ; au dessus de son nom figure le nom du Chevalier d’Eon et en bas de la plaque celui de Monseigneur de La Marche, dernier évêque de Saint Pol de Léon.

Oui, vraiment, s’il n’y avait pas eu ces petites vanités et ces erreurs répétées, la face de l’Histoire eut été changée !

 

 

 

 

LONDRES, MERCREDI 4 NOVEMBRE 1795, MORT de LOUIS-CHARLES d'HERVILLY
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