FOUQUIER de TINVILLE ET COMPAGNIE, 5 MAI 1795...

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FOUQUIER de TINVILLE ET COMPAGNIE, 5 MAI 1795...

Quelques uns parmi les 24 Chefs d'accusation:

-En inscrivant dans un autre acte d'accusation le nom d'un condamné à mort exécuté un mois plus tôt et en le reportant jugement comme s'il avait encore existé, est un fait qui prouve qu'on jugeait souvent sur les listes sans voir les accusés ;

-En requérant le tribunal d’exécuter des femmes condamnées à mort qui s'étaient déclarées enceintes sans laisser aux officiers de santé, ou autres personnes compétentes, le temps de prendre le soin de constater la vérité ou la fausseté de la déclaration de ces femmes, et les faisant exécuter le jour même.

-Que beaucoup de jugements ont été signés en blanc soit par les uns soit par les autres, qu'ils étaient préparés avant l'audience et qu'on ne faisait paraître les prévenus que pour la forme et que tantôt Fouquet, tantôt Lindon son substitut, assistaient à ces opérations ;

-Que dans la prétendue tentative d'assassinat contre Robespierre (22 mai 1794 note SCB) cinq individus non compris dans l'acte d'accusation dressé à ce sujet, déjà arrêtés au moment des faits, sont accusés de complicité, exécutés revêtus de la tunique rouge des parricides, comme étant les complices de cette  pseudo-tentative d'assassinat ;

- Qu'il n'y a pas besoin de témoins ;

-Dans un jugement du 7 messidor, 39 accusés sont exécutés alors que le jugement en blanc ne contient ni les questions soumises aux jurés, ni leurs déclarations, ni l'application de la loi, ni la condamnation ; un autre prétendu jugement le 3 prairial concernant 14 accusés, un autre le 28 messidor concernant 32 victimes alors qu'il n'y avait que 27 accusés ;

-Que les jurés ont manqué à tous les devoirs de leur charge en coupant la parole aux accusés et à leurs défenseurs, simplifiant les débats par exemple 1 H 30 pour 60 accusés, d'avoir reçu Fouquier-Tinville dans leur chambre de délibération, orientant ainsi leur réflexion, ou alors sortant pour discuter avec des personnes étrangères ;

-Quand dans les orgies qu'ils faisaient avec Fouquier-Tinville ils calculaient avec une joie féroce le nombre de victimes qui devaient passer chaque décade ;

-Quand, désespérés devant la fermeté des condamnés que l'on emmenait au supplice, ils disaient que s'ils étaient Accusateur public ils feraient préalablement faire une saignée aux condamnés pour qu'ils ne montrassent pas une telle fermeté ;

-Quand enfin le résultat de leurs opérations a envoyé tant de personnes à la mort que le nombre n'en est pas connu, mais duquel on pourra juger quand on verra environ 1300 personnes condamnées en moins de 50 jours par 83 jugements dont la plupart n'en ont que le nom qu’ils ne méritent pas ;

-Quand sans savoir ni lire ni écrire ils ont accepté les places importantes de jurés, dont chacun d'entre eux a rempli les fonctions dans un état habituel d'ivresse ;

 

Ce fut depuis cet acte d'accusation présenté le 4 germinal An III, 24 mars 1795, jusqu'à ce jour mardi 5 mai 1795, le défilé des accusés, des témoins à charge à décharge devant un public sidéré par les accusations et les témoignages ahurissants sur la bestialité de ceux qui avaient représenté la Justice révolutionnaire.

Devant les récriminations des uns et des autres anciens juges, anciens jurés, Judicis déclara :

« Malgré vos récriminations j'aurais le courage de poursuivre le crime. Je demande donc aux jurés comment ils pourront se justifier d'avoir condamné 30, 40, 50 voir 60 personnes en 1 heure. Vous êtes en jugement depuis plus d’un mois. Se tournant vers les jurés du Procès, Hé bien ! Citoyens jurés, êtes vous en état de prononcer sur les accusés ? ».

Non répondirent les jurés.

Ce n'est pas la même chose répondaient les accusés nous jugions d'après la loi du 22 prairial.

Trinchard (ex juré et menuisier de son état) osa même cette réplique : « un juré révolutionnaire n'est pas un juré ordinaire ; nous n'étions pas des hommes de loi,  nous étions des bons sans-culottes, des hommes purs, des hommes de la nature » ! ! !

Le 1er mai (12 floréal) les débats sont clos ; 419 témoins ont été entendus. Le résumé des charges a demandé Trois heures au substitut Cambon ; Fouquier assure sa défense le soir même pendant 2 heures, avec un tel talent que s’il n’y avait eu les témoins il paraitrait presque innocent et diffamé par des "gens méchants".  Comme Carrier il n’a fait qu’exécuter les ordres !

Le 2 (13 floréal), il continue pendant 4 heures puis ce sera le tour des uns et des autres jusqu’au 16 floréal (5 mai 1795 – il y a 220 ans exactement -) à 9 heures du soir, le Président Liger remet aux  Jurés la liste des questions sur lesquelles ils auront à répondre….

Les Jurés se retirent…

 

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