PARIS, 22 OCTOBRE 1794, il y a 220 ans...

Publié le par culture

Palais de Justice de Paris

Coup de théâtre lors du procès des Membres du Comité Révolutionnaire de Nantes qui a lieu suite au Procès des 132 Nantais exportés de Nantes à Paris le 27 novembre et arrivés, en piteux état, en cette dernière ville le 16 janvier.

L'épisode du procès est important à connaître dans l'Histoire de la révolution et permet de comprendre la place qui va être donnée à Carrier et rendre présentable la meute d'assassins composant la majorité des conventionnels.

Cette déportation de gens influents de la société nantaise, souvent très riches, avait été voulue par le Comité révolutionnaire de Nantes, avec la complicité forcée de la municipalité, les Archives municipales en font foi. Le but étant de récupérer les biens de ces victimes pour lesquelles il ne faudrait pas exagérer la compassion car ces grands bourgeois applaudirent, dans leur majorité, la révolution et les lois contre les prêtres et les nobles. Carrier et ses bandits auraient bien voulu qu'ils soient exécutés en route, ou noyés à Angers par les sbires de Hentz et Francastel. Ceux-ci n'osèrent pas ce que Carrier n'avait pas osé à Nantes.

Le procès - régulier pour une fois - a eu lieu du 8 au 15 septembre, sous l'oeil du Président Dobsent et de l'Accusateur Public Leblois. Il n'y a que 94 accusés, les autres ont disparu en route. Dobsent a demandé les témoignages à charge des Membres du Comité Révolutionnaire nantais. Témoignages pitoyables par leurs absences de preuves d'accusations. Et dans les accusés, Carrier avait fait ajouter Phélippes-Tronjolly, l'ancien Président du Tribunal révolutionnaire de Nantes. Ayant fait tomber assez de têtes, il ne veut pas ajouter la sienne.

Carrier pendant ce temps occupait benoîtement le secrétariat de la Convention ; cela est une dure sanction pour celui que beaucoup disent rappelé mi-février par Robespierre pour s'exprimer sur ses crimes !!! (si, si, il y en a encore qui croient à ces sornettes!)

L'art de Phélippes-Tronjolly va être de retouner complètement l'accusation contre les accusateurs en s'épargnant sous la célèbre excuse :"Avoir obéi aux ordres".

C'est ainsi que le 15 septembre tous les accusés sont acquittés et immédiatement libérés, Dobsent ne pouvait pas accepter - plus après la chute de l'Incorruptible - des accusations totalement frelatées.

Devant ces horreurs qui entachent la bienheureuse révolution, horreurs dans lesquelles tant de furieux sont impliqués, puisque ces crimes nantais sont connus et qu'ils ont eu lieu sous Robespierre (pas seulement lui car il y en eut d'autres dont Barère), il faut entamer l'opération "Blanchiment Convention" et redonner une virginité de bon aloi à un système basé sur le crime  et le vol.

C'est ainsi que, dès le 8 octobre, L'Acte d'accusation contre le Comité Révolutionnaire Nantais est lancé, à grand renfort de réclame par la presse moins baillonnée.

La Convention, toutes hontes bues, lance son Adresse aux Français: " Français, Au milieu de vos triomphes, l’on médite votre perte. Quelques hommes pervers voudroient creuser au sein de la France le tombeau de la liberté. Nous taire, seroit vous trahir ; et le plus saint de nos devoirs est de vous éclairer sur les périls qui vous entourent. Les héritiers des crimes de Robespierre et de tous les conspirateurs que vous avez terrassés, s’agitent en tous sens pour ébranler la République et, couverts de masques différens, cherchent à vous conduire à la contre-révolution à travers les désordres et l’anarchie. Souvenez-vous que le peuple et la Convention ne font qu’un, les efforts des ennemis de la liberté viendront expirer à vos pieds comme des vagues écumantes viennent se briser sur les rochers. De son côté, la Convention nationale, constante dans sa marche, appuyée sur la volonté du peuple, maintiendra, en le régularisant, le gouvernement qui a sauvé la République."

Le 13 octobre, la Convention donne tous pouvoirs au Tribunal révolutionnaire de poursuivre les Membres du Comité Révolutionnaire Nantais... et tous ceux qui pourraient se trouver impliquer dans l'affaire.

Le 16 octobre s'ouvre le procès - le début de l'Opération "Blanchiment Convention" - de furieux qui doivent se demander ce qui leur arrive et s'aperçoivent, subitement, qu'une tête, ou une vie ça se risque plus facilemlent chez les autres que chez soi !

Alors dès le 22 octobre, Goullin (qui était Officier municipal) prévaricateur et assassin, actif lors des Noyades, voleur, prend à deux mains le courage qu'il n'a pas et "balance": l’homme qui électrisa nos têtes, guida nos mouvements, despotisa nos opinions, dirigea nos démarches, et qui contemple paisiblement nos larmes et notre désespoir. Il importe à notre cause que Carrier paraisse au tribunal. Il a tout ordonné, tout commandé.

Certains doivent être satisfaits d'avoir trouvé une tête pour porter le grand chapeau des fautes et crimes de deux ans de Convention.

A suivre....en particulier dans La Revue de décembre.

En illustration une scène ordinaire à la Convention.

PARIS, 22 OCTOBRE 1794, il y a 220 ans...
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