LORIENT, 7 JUILLET 1794, IL Y A 220 ANS EXACTEMENT.
L’abbé Jacques Santerre est né le 9 mai 1716 à Férel, trêve d'Herbignac, au village de Trémont en Herbignac, fils de Jacques et de Guillemette Guyot, ordonné prêtre pour le diocèse de Nantes en 1745 par Monseigneur Turpin de Crissé de Sanzay, évêque de Nantes. Chapelain de la Madeleine, à côté de Guérande, il refusa de prêter le serment en 1790 et se retira sur ses terres à Férel, au village du Drézel. Son neveu Jacques, prêtre lui aussi, se cacha près de lui. Le 29 avril 1794, ils furent dénoncés par Jean Lévêque, curé constitutionnel d'Herbignac et surveillés par les autorités jacobines. L'abbé Santerre (l’oncle) fut saisi et écroué à la Tour de Vannes le 3 juin. Sa mauvaise santé (il a 78 ans) le fait interner à la Retraite des femmes, où sont regroupés les prêtres âgés et malades. Transféré à Lorient, il comparaît le 7 juillet et reconnaît simplement : "Je me cachais comme les autres, parce que je craignais"
Son neveu, l’abbé Jacques Santerre, est jugé en même temps que lui. Né à Herbignac le 25 octobre 1739, fils de Jean et de Marie Bertho, il a été ordonné prêtre pour le diocèse de Nantes le 20 décembre 1791 par Monseigneur Charles de La Laurencie, évêque de Nantes. II est à la fois coadjuteur de son oncle à la Madeleine de Guérande et vicaire à la paroisse en 1791. Réfractaire, il se retire lui aussi dans son pays natal, au village du Drézel. Il se livrera lui-même, pour sauver son frère qui le cachait. A l'audience du 7 juillet 1794 à Lorient, il avoue "Je demandais ma subsistance et je me retirais dans les bois, dans les granges et dans les genêts". L’Accusateur public de Lorient, François Marion, requit la mort : « Etant de ces prêtres insermentés qui sont restés déguisés et cachés sur le territoire de la République ». Il est condamné à mort à l’âge de 55 ans.
Un autre prêtre les accompagne lors de ce « procès » :
L’abbé Mathurin LE BRETON, fils de Pierre et de Jeanne Aoustin, né le 18 mai 1749 au village de Priziac en Pleucadeuc, ordonné prêtre au Mené par Mgr de Bertin, le 18 septembre 1773. De 1774 à 1780, il est vicaire à Ruffiac, puis revient dans son pays comme "curé d'office" en 1783. De santé précaire, il tenta de partir pour l'Espagne en septembre 1792, sur la Providence, aux ordres de G. Tabard de Port-Navalo, mais les vents contraires sur la côte d'Ambon l'en empêchèrent. II réussit à se cacher pendant deux ans L'imprudence lui fut fatale: en tant qu'infirme, il demanda, le 29 mai 1794, protection et asile au district de Rochefort. On l'écroua le 1er juin à la Retraite des femmes à Vannes et, puisqu'on avait mis la main sur un réfractaire, on l'expédia à Lorient. II n'avait pas fait connaître à temps ses infirmités et s'était livré lui-même aux persécuteurs. Son premier interrogatoire à Roche-des-Trois (Rochefort), le 31 juin, confirmé par celui de Lorient le 7 juillet, amena sa condamnation à la guillotine à l’âge de 45 ans.
Tous les trois furent guillotinés dans la soirée de ce lundi 7 juillet 1794, Place de la Montagne (actuelle place d’Alsace Lorraine) à Lorient, en haine de la Foi.
Une journée ordinaire pour la Bretagne et la France persécutées !