LES CARMELITES DE COMPIEGNE, IL Y A 220 ANS PRECISEMENT
Le 2 novembre 1789 l’Assemblée Constituante décide la confiscation des biens du clergé, des grands monastères au plus humble presbytère en passant par les couvents et les églises. Pour la gloire de la Nation et le profit de quelques aigres-fins qui n’ont qu’un but : s’enrichir sans vergogne, sans scrupules.
Pour l’instant il n’est pas question d’expulsion des personnes occupant les lieux, prêtres, religieuses. Les moines seront regroupés par monastères.
Décret du 13 février 1790 ; la même Assemblée Constituante s’immisce dans le domaine spirituel – le "dada" de la Franc-maçonnerie – supprime les ordres monastiques et les Congrégations. L’Assemblée laïque – qui compte des Membres du clergé ! – supprime les Vœux monastiques comme emblématiques d’une privation de liberté et invite les religieux et religieuses à quitter leurs monastères et leurs couvents. Les religieuses peuvent encore y rester et percevront une pension (puisque tous les moyens d’existence ont été volés !).
Les religieuses du Carmel de Compiègne expriment leur volonté de rester dans leur maison, pour continuer à vivre en communauté comme le prescrit leur Règle. Seule une novice ne pourra pas prononcer ses vœux.
Décret du 8 octobre 1790 : « les religieuses qui préféreraient la vie commune à la liberté devaient nommer entre elles, au scrutin et à la pluralité absolue des suffrages, une supérieure et une économe ».
La Révérende Mère Supérieure saint Augustin est réélue, l’économe sera Mère Henriette de Jésus.
17 Août-18 Août 1792 : Dissolution des Congrégations et expulsion des religieuses que l’on avait tolérées dans leurs couvents qui seront vendus ; la date limite d’exécution est le 1er octobre. Les Carmélites sont expulsées le 14 septembre, habillées en civil, leurs habits religieux leur ayant été enlevés.
Elles ont trouvé refuge chez des âmes compatissantes, dans quatre maisons et s’organisent pour mener, par quatre, leur vie en communauté et pendant quelques mois, elles peuvent encore prier ensemble en assistant à la messe. Elles ont prêté Serment de Liberté-Egalité puisque « étatisées » et chaque jour elles re-prononcent leur « Vœu de consécration totale à la Volonté Divine » pour obtenir la fin des Massacres de la Terreur et la paix pour l’Eglise et l’Etat, Voeu prononcé lorsqu’elles étaient encore au carmel.
Les Lois et Décrets pleuvent sur la religion catholique ; c’est bien elle qui est essentiellement visée par la révolution. Il est d’ailleurs étrange que l’on ait pu entendre dans une association liée aux commémorations de cette époque que « ça ne servait à rien d’aller à la messe » !
COMPIEGNE 21 JUIN 1794 : les quatre maisons sont perquisitionnées, les religieuses transférées de Compiègne à La Conciergerie le 12 juillet. Juste avant de partir, leurs vêtements civils étant en guenilles, on ne peut leur procurer que – Oh ! Joie ! – leurs habits monastiques. Dans leur cellule elles reprennent leur vie communautaire de prières.
Le 16 juillet elles célèbrent leur Fête de Notre Dame du Mont Carmel, avec une grande joie.
17 juillet, elles passent en jugement, en habit, l’Accusateur public, Fouquier-Tinville, les accusant « d'avoir formé des conciliabules de contre-révolution et d'avoir continué à vivre soumises à leur règle et à leur supérieure ». On a retrouvé dans leurs affaires des « Sacré-Cœur » emblème du fanatisme, le grand mot est lâché ! Fanatiques et séditieuses ! Des religieuses !
Le verdict, pardon, l’Acte d’accusation a été rédigé avant le simulacre de procès, pas d’avocat, pas de témoins, pas d’Appel ! De plus les Carmélites réfutent leur Serment de « Liberté-Egalité ».
Elles sont condamnées à mort, embarquées dans les charrettes, emmenées place du Trône renversé, en priant et chantant des cantiques, le « Salve Regina » « Lauda Te Dominum, omnes gentes » (Toutes les nations Te louent Seigneur). Au pied de la guillotine, agenouillées, elles renouvellent leurs vœux. La première guillotinée est la novice Sœur Constance qui n’a pas pu prononcer ses vœux ; elle fait la génuflexion devant la Mère Supérieure pour lui demander la permission de mourir.
La dernièe guillotinée est la Révérende Mère Supérieure.
Il est 20 heures, il y a 220 ans exactement.
Elles sont inhumées au cimetière de Picpus.
Ces martyres de la Foi seront canonisées par Saint Pie X en mai 1906.