QUIMPER, l'Evêché ne répond plus....

Publié le par culture

L'évêque de Quimper vient de perdre la tête, en ce jeudi 22 mai 1794. De façon définitive !

Pourtant, Louis-Alexandre Expilly de La Poipe, de vieille noblesse finistérienne, avait servi avec fidélité la révolution.

Né le 24 février 1743, ordonné prêtre, recteur de Saint Martin des Champs (futur "Unité des Champs" lors des temps du bonheur!) à Morlaix, il a ensuite été élu Député du Clergé aux Etats Généraux et deviendra, à la Constituante, le Président de la Commission en charge de l'élaboration de la Constitution Civile du Clergé et de la modification du nombre des Diocèses qui vont passer de 141 à 80 ; ils seront en effet calqués sur les départements. Mais ce nombre n'est pas définitif : il va devenir exponentiel en fonction de l'expansion des idées généreuses de la bienheureuse révolution ! La loi passe le 12 juillet 1790.

Le décès, le 30 septembre 1790, de Monseigneur Conen de Saint-Luc évêque de Quimper, fut l'occasion d'essayer la toute nouvelle innovation jacobo-révolutionnaire : avoir un évêque constitutionnel. Elu par un peu plus de 200 voix sur 380 votants (religieux ou laïcs, croyants et non croyants, étant électeurs) il est sacré à Notre Dame de Paris par le boiteux Talleyrand-Périgord et va en Cornouailles prendre son poste.

Simple prêtre il avait déjà des idées progressistes ; évêque il va pouvoir les appliquer : il ordonne prêtres des individus qui n'ont aucune vocation et pensent trouver avec le sacerdoce une rente de situation. Mauvaise pioche à l'époque.

A ceux qui s'étonnent de ces évidents mauvais choix, l'évêque de paccotille réplique d'un ton léger : " Quand on ne peut pas travailler la terre avec des chevaux, on la travaille avec des ânes ".

Sur le plan pastoral, c'est un peu juste !

Son comportement le fit devenir l'objet d'un Bref du pape Pie VI le déclarant usurpateur du siège épiscopal, imitateur de Satan.

Expilly va répondre par la persécution des prêtres fidèles qu'il va aggraver dès les premières lois persécutrices, jusqu'à ce que, les Girondins ayant été - démocratiquement -  expulsés de la Convention par les Montagnards, le Directoire du Finistère leva une troupe de 600 soldats. Leur but : aller délivrer les Girondins emprisonnés au Luxembourg.

Las ! Les Finistériens furent battus à Pacy sur Eure le 13 juillet. Et les 26 Membres du Directoire furent emprisonnés, dès leur retour en Bretagne,  dans le château de Brest.

Jugés le 22 mai, ils furent guillotinés entre 6 et 7 heures du soir, il y a juste 220 ans ! Expilly fut guillotiné le dernier et donna l'absolution à ses compagnons. Il n'avait pas renié son sacerdoce mais devait s'interroger sur son Avenir Céleste lorsqu'il déclara dans la charrette :"C'est beaucoup de paraître devant le tribunal des hommes et celui de Dieu dans le même jour !"

Le premier des exécutés fut François-Louis de Kergariou du Cosquer, né 79 ans plus tôt à Plounévez-Moedec ; sa descendante, Membre du Souvenir Chouan de Bretagne, a écrit la vie de cette famille dans "Le Lys décapité ". Très bonne lecture qui sent bon la Bretagne de l'époque.

Morale du jour : 220 ans plus tard, les progressistes ont changé de côté ; c'est l'évêque qui aurait convenu il y a 220 ans qui ne convient plus à des progressistes qui auraient convenu il y a 220 ans ! Allez y comprendre quelque chose.

O tempora, O mores !

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