GEORGES CADOUDAL, CE MÊME 21 MARS 1804...
Alors que le Duc d'Enghien est tué dans les fossés du château de Vincennes, ce même jour, c'est la 12ème nuit que Georges, intercepté au coin de la Rue monsieur Le Prince et de la rue Antoine Dubois, s'apprête à passer, emprisonné, dans la Grande Tour du Temple, là où, près de onze ans auparavant, la Famille Royale a été détenue.
La nuit du 9 au 10, il l'a passée à la Préfecture de police, interrogé par Réal, Dubois, le juge Jacques-Alexis Thuriot (régicide que Georges s'obstine à appeler Tue-Roi) et Desmarets.Celui-ci écrivit dans ses mémoires:"Comme je demeurais près de l'Odéon, j'arrive à la Préfecture en même temps que ceux qui ont arrêté Georges, après avoir reconnu, en passant, que l'inspecteur tué (Buffet NDR) n'appartenait pas au ministère. Georges, que je voyais là pour la première fois, avait toujours été pour moi comme le Vieux de la Montagne, envoyant au loin ses assassins contre les puissances. Je trouvai, au contraire, une figure pleine, à l'oeil clair et au teint frais, le regard assuré mais doux, aussi bien que sa voix. Quoique très replet de corps, tous ses mouvements et son air étaient dégagés ; tête toute ronde, cheveux bouclés très courts, point de favoris, rien d'un chef de complot à mort, longtemps dominateur des landes bretonnes. J'étais présent lorsque le comte Dubois, Préfet de police, le questionna. Le calme et l'aisance du prisonnier dans une telle bagarre, ses réponses fermes, franches, mesurées et dans le meilleur langage, contrastaient beaucoup avec mes idées sur lui".
A 8 H du soir, interrogé par la Préfet Dubois qui lui demande ce qu'il est venu faire à Paris, Georges répond: "Je venais pour attaquer le Premier Consul". "De quelle nature étaient vos moyens d'attaque contre le Premier Consul ?" " Des moyens de vive force, mais je ne devais attaquer le Premier Consul que quand il y aurait un Prince français à Paris ; il n'y est point encore".
Dans l'article précédent, concernant l'accusation portée contre lui d'avoir participé au complot de Georges Cadoudal-Moreau-Pichegru, le Duc d'Enghien a catégoriquement dénié cette accusation. En effet, dès le 7 mars, deux jours avant l'arrestation de Georges Cadoudal, Bonaparte avait des vues sur l'enlèvement du Duc d'Enghien. Il en entretenait Talleyrand. Une fois Moreau fait prisonnier, de même que Pichegru et Georges, Bonaparte n'avait plus rien à craindre et tout à oser. Ce dernier savait d'autre part fort bien que le Prince espéré par Georges était Artois et personne d'autre.
Il était alors plus facile pour le Premier Consul de "faire un coup" en passant la frontière à Strasbourg que de s'embarquer à Calais pour aller enlever le Prince royal en Angleterre !
A deux cent dix ans de distance, nous allons suivre la fin de l'épopée du Grand Chef Breton.
Partie des sources: Merci à Fabian de Montjoye.