14 OCTOBRE 1793, IL Y A 220 ANS, UNE JUSTICE TAUBIRIENNE

Publié le par culture

Après que le président Herman lui ait demandé de décliner son identité avant de l'interroger, la Reine répondra en utilisant la troisième personne : en effet ce n'est pas Marie-Antoinette de Lorraine d'Autriche qui est concernée mais la Reine de France.

-Non contente d'avoir dilapidé de façon effrayante les finances de la France, fruit des sueurs du peuple, par vos plaisirs et vos intrigues, de concert avec des ministres infâmes, vous avez fait passer des millions à l'Empereur (d'Autriche, note SCB) afin qu'il s'en serve contre le peuple qui vous nourrissait.

-Jamais.La Reine sait que très souvent on s'est servi de ce moyen contre elle ; qu'elle aimait trop son époux pour dilapider l'argent de son pays ;  que son frère l'Empereur n'avait aucun besoin de l'argent de la France ; et, par les mêmes principes qui l'attachaient à la France, elle ne lui en aurait point donné

-Lorsqu'il était question de savoir si Louis Capet sanctionnerait ou opposerait son veto aux décrets rendus dans le courant de septembre 1791 concernant ses frères, les émigrés et les prêtres réfractaires et fanatiques, ce n'est pas vous qui avez déterminé Louis Capet à apposer son veto à ces décrets ?

-Mon époux n'avait pas besoin qu'on le pressât pour faire ce qu'il croyait de son devoir ; que la Reine n'était point de son Conseil, que ce n'est que là que ces sortes d'affaires se traitaient et se décidaient.

-C'est vous qui avez appris à Louis Capet cet art de profonde dissimulation avec laquelle il a trompé trop longtemps le bon peuple français qui ne se doutait pas qu'on pût porter à un tel degré la scélératesse et la perfidie.

-Oui, le peuple a été trompé ; il l'a été cruellement, mais ce n'est pas par la Reine ni par son mari.

-Vous n'avez jamais cessé un moment de vouloir détruire la liberté ; vous vouliez, à quelque prix que ce fût, remonter au trône sur les cadavres des patriotes !

-Le Roi et la reine n'avaient pas besoin de remonter sur le trône puisqu'ils y étaient ; qu'ils n'ont jamais désiré que le bonheur de la France, qu'elle fut heureuse ; mais qu'elle le soit, ils seront toujours contents.

Après cet interrogatoire qui eut lieu en présence de Fouqier-Tinville, lequel n'évoqua pas les aveux extorqués au jeune Louis XVII, la Reine fut reconduite dans sa geôle de La Conciergerie.

Le procès ouvert ce 14 octobre, devant le Tribunal  Révolutionnaire créé à l'instigation de Danton, va durer deux jours.Herman proposa à la Reine si elle désirait un avocat. Elle n'en connaissait point. Deux avocats furent désignés d'office, Tronson-Ducoudray et Chauveau-Lagarde, d'honnêtes personnes à l'esprit droit.Ils arrivèrent dans la nuit du 13 au 14 octobre à La Conciergerie afin de compulser quelques rares documents : vraiment pas le temps de préparer une plaidoirie solide. Mais ce n'était pas la préoccupation du Tribunal Révolutionnaire, qui avait la particularité de juger sans Appel ni Cassation !!! Ni Appel au Peuple...évidemment !!!

Ainsi le Tribunal Révolutionnaire voulait donner, et laisser l'image d'une justice sereine, digne, vraie ; on va assister à une exhibition d'individus aussi crapules que les magistrats, eux-mêmes dignes ancêtres de Vychinsky (procureur stalinien) ou Freisler (juge hitlérien) ou Mornet (procureur à la libération).

Il faut retenir qu'avant l'organisation du ""procès"", le verdict est déjà posé, les dès sont pipés. En effet, l'affaire du "Complot de l'oeillet", projet d'évasion de la Reine esquissé le 28 août 1793, projet mal ficelé, va déclencher l'ire des Psychopathes conventionnels : Billaud-Varennes monte à la Tribune de la Convention le 3 octobre et à la fin d'un discours vitupérant de façon éhontée  contre "l'Autri-chienne" (admirons le savant jeu de mots)  propose que "la veuve Capet, la honte de l'humanité et de son sexe soit décrétée d'accusation et exécutée". Ce projet enthousiasme l'Assemblée qui le vote.

Donc, alors qu'un pseudo-procès est ouvert le verdict est d'ores et déjà prononcé. Mais l'Histoire, qui était autrefois enseignée, est sauve : la République a assuré à la femme du Tyran un procès équitable. Et les membres du système appelé Education Nationale en sont les parfaits complices. Non ce procès ne fut pas équitable, il fut inique et nous le découvrirons dès demain.

 

 

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