19-20 MARS 1793, AURAY, COMBAT DE MANE-COROHAN

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19-20 MARS 1793, AURAY, COMBAT DE MANE-COROHAN

Mané-Corohan se situe entre Auray - dans ce qui correspond à l'emplacement de la gare, de l'actuelle Chartreuse - et Brech (Brec'h) un peu plus vers le nord ; ce qui correspond aussi, à peu près, au lieu de la Bataille d'Auray le 29 septembre 1364 qui opposa les troupes Brito-françaises de Charles de Blois aux Brito-anglais de Jean de Montfort lors de la guerre de Succession de Bretagne. Charles de Blois est tué au combat à l'endroit où se dresse, depuis la construction de la Chartreuse, le Maître-autel de sa chapelle.

Mané-Corohan surplombe aussi les marais de Kerzo où seront fusillés de juillet à septembre 1795 les Emigrés et les Chouans après l'échec de la Bataille de Quiberon.

Il y a déjà eu des soulèvements, dispersés, depuis le 10 mars 1793 contre la conscription des 300 mille hommes pour aller se battre aux frontières combats par lesquels les Révoltés ne se sentent pas concernés. Dès le 10 mars Landaul puis Pluvigner, Carnac, Crach puis Plouharnel ont manifesté leur mécontentement. Un grand rassemblement se fait au matin du 19 mars à Grand Champ ; 3000 à 3500 révoltés que l'on n'appelle pas encore des Chouans se regroupent à Mané-Corohan pour attaquer Auray. Il n'y a pas de grand chef central mais il est logique de penser que ceux qui dans quelques mois émergeront sont là ; Georges Cadoudal, Alexis Le Louer, le marin Jean-Marie Hemery dit Hermely, Jean Rohu, les frères Gambert. Comme armes ils ont essentiellement des instruments agricoles, des faux emmanchées à l'envers, de rares fusils et le fameux Penn-Bazh (le redoutable bâton breton).

A Auray les Bleus sont environ 400 équipés de fusils et de deux pierriers.

Le Juge de paix Louis-Julien Morau recense le 20 mars les morts qui sont tous dans le grand chemin d'Auray à Landévant (la route de l'époque d'Auray à Lorient où sera assassiné Julien Cadoudal, frère de Georges, en février 1801) - cliché d'illustration - qui se situe à l'Ouest de la ville "dans l'insurrection des campagnes du district contre la ville d'Auray". Morau communiquera son procès verbal à l'officier public de l'état civil, Louis Bréard qui en fait l'inscription dans ses registres le 29 mars. Il s'agit de :

Julien Daniel, 40 ans, sans aucun doute un Révolté, natif de Brech,  trouvé percé de coups de feu entre 4 et 5 heures.

Alexandre Bandé, 40-45 ans, marchand natif d'Argentan (Orne) Garde national du 2ème Bataillon de Nantes, trouvé assassiné de plusieurs coups de feu entre 4 et 5 heures de l'après-midi.

Thomas Rousse, 51 ans, natif de Saint Lo (Manche), domicilié à Pluneret, "trouvé assassiné par des instruments contondans (sic), piquants et armes à feu entre 4 et 5 heures" (certainement un Bleu puisqu'il bénéficie du terme assassiné !).

Notons aussi François-Marie Le Bohec, 10 mois, percé d'un coup de feu, chez ses parents à Auray le 23.

Mais aussi Charles Helec, 25 ans, poissonnier, mort à l'hôpital de l'Hôtel Dieu d'Auray le 27 mars, peut-être un révolté mort de ses blessures.

Les Révoltés finissent par rentrer chez eux dans la soirée.

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