ABBÉ JÉRÔME YVENAT, 1801 SAINT MARTIN DE RÉ.
Le 31 mars 1801 (21 mars autre source) l'abbé Jérôme Yvenat meurt dans le pénitencier installé dans la citadelle de Saint Martin de Ré en Charente Inférieure, à bout de souffrances physiques et morales. 1080 prêtres et religieux ont été enfermés dans ce pénitencier, en attente de déportation vers la Guyane.Leur tort ? Ne pas avoir prêté serment, être réfractaires aux derniers serments imposés par le Directoire et non abolis par le Premier Consul pourtant aux commandes de la Nation depuis dix sept mois.
L'abbé Jérôme Yvenat est âgé de 52 ans lors de son décès. Né à Braspart dans le Finistère, un village proche de Chateaulin, le 29 janvier 1749, il est l'aîné de sept enfants.
Ordonné prêtre en juin 1776 par Monseigneur Toussaint Conen de Saint Luc il est professeur au Grand séminaire puis nommé Professeur de théologie ; lorsque la révolution arrive il refuse de prêter serment et, comme ses confrères, est chassé du séminaire. Il va alors se réfugier à Le Saint, près de Gourin (alors évêché de Cornouailles, maintenant Morbihan).
En 1797 il est dans les environs de Langonnet ; il dit la messe, donne les sacrements bénéficiant toujours de la protection divine. Il est dénoncé à la gendarmerie par un traître qui mène les gendarmes au lieu où se cache le prêtre. Mais il s'est envolé ; le traître trouvera sur sa route le 6 mai 1798 le Chouan Jean-François Le Paige de Bar qui l'expédiera "ad patres".
Mais pour l'abbé Yvenat l'aventure va s'arrêter le 10 mai 1798 lorsqu'il est arrêté sur la route de Langonnet à Gourin. L'arrestation est mouvementée l'abbé étant blessé à la main gauche qu'il avait posée sur la bouche du fusil pour dévier le coup qui le visait ; le gendarme sera d'ailleurs blessé et mourra quelques temps après. On trouve dans le paquet qu'il portait un surplis, une étole, un Christ, trois burettes de bois contenant des onctions (les Saintes huiles), et des feuilles sur lesquelles sont notés des actes de baptêmes et de mariages.
Trois mois plus tard le gendarme Soufflet qui a procédé à l'arrestation du prêtre, disparaîtra corps et biens ; son cadavre ne sera jamais retrouvé.
L'abbé est condamné à la déportation et emmené à l’Île de Ré le 6 août 1798. Les conditions d'enfermement sont indignes d'un régime qui se revendique des Droits de l'homme ; la nourriture est exécrable et on pousse même l'ignominie jusqu'à servir de la viande, tous les quinze jours, le.....vendredi (jour d'abstinence selon les Lois de l'Eglise).
Il meurt le 31 mars (ou le 21) 1801, il y a 220 ans