IL Y A 200 ANS A FUNCHAL UN RÉGICIDE PLONGE EN APNEE

Publié le par culture

IL Y A 200 ANS A FUNCHAL UN RÉGICIDE PLONGE EN APNEE

 

André-Antoine Bernard est né le 21 juin 1751 à Corme Royal dans l’arrondissement de Saintes en Charente Inférieure. Adulte il ajoute le nom d’une terre de son père à son nom et devient Bernard des Jeuzines (ou Zeuzines). En 1791, commandant local de la Garde nationale et, en tant que magistrat, Président du tribunal de Saintes, il est élu à l’Assemblée législative. Il se fait alors appeler André-Antoine Bernard de Saintes ; dans le vent anti catholique il trouve opportun de rejeter Saintes et se fait appeler Bernard de Xaintes.

Fabre d’Eglantine étant passé par là avec son calendrier biologique il décide de rejeter ses saints patrons et d’appliquer l’appellation correspondante. André devient Pioche, Antoine devient Fer : Pioche-fer Bernard (il a abandonné sa particule fausse). Imaginons un instant que ses parents l’aient prénommé Innocent-Charles ; il serait devenu Fumier-fumeterre Bernard !

Le 4 septembre il est élu à la Convention et passe chez les Montagnards ; il vote la mort de Louis XVI, sans sursis, sans appel au peuple.

Membre du Comité de Sûreté Générale il est envoyé en mission dans le Jura et la Côte d’Or. En 1793 il est chargé de l’organisation du nouveau département du Mont Terrible (du nom d’un mont suisse) ce département étant composé de territoires volés : l’arrondissement de Porrentruy (Suisse) les arrondissements de Montbéliard et Audincourt (Principauté du Wurtemberg) Département qui disparaîtra en 1800 sous le Consulat et en 1815 à la Restauration pour Porrentruy qui rejoindra la Suisse.

En attendant il faut des finances et Pioche-fer taxe les Montbéliardais de 400.000 Livres (à peu près 4.800.000€ chiffre indicatif).

En Côte d’Or il mène à Dijon une politique révolutionnaire d’une rare dureté. Il fait arrêter le Président du Parlement de Bourgogne, sans raison, sinon qu’il est à la tête de grands biens. En effet Jean Vivant Micault de Corbeton et son épouse avaient émigré mais étaient revenus en France avant l’application des lois de spoliation. Ils n’étaient donc pas répréhensibles. D’autres "aristocrates" furent aussi frappés par la folie de cet individu muni de tous les pouvoirs. Jean Vivant de Corbeton sera guillotiné à Dijon le 17 mars 1794 à l’âge de 69 ans. Le 26 juillet 1794, veille de la chute mortelle de Robespierre, son fils, son gendre (Charles Michel Trudaine de La Sablière) et son frère (Charles Louis Trudaine de Montigny) sont guillotinés sur ordre du Tribunal révolutionnaire de Paris où Pioche-fer avait des relations.

Il revient ensuite à Paris et est nommé secrétaire de la Convention. Robespierriste, sentant le vent tourner, il participe à la chute de l’Incorruptible (surnom qu’il n’aurait pas pu mériter !). Il est ensuite élu président de la Convention Thermidorienne du 2 au 22 septembre.

Il faut rappeler que les lois de l’époque, pourtant faites par des hommes dits de Droit, étaient assez élastiques pour s’adapter aux intérêts des uns ou des autres. Là Pioche-fer avait trouvé un hôtel du XVème superbe et une cave aussi superbe lui permettant de mener grand train. Après la mort de Robespierre, il avait été tellement odieux que les six sections révolutionnaires de Dijon envoyèrent un courrier à la Convention nationale dénonçant Pioche Fer Bernard et l'accusant :«  d'avoir envoyé ce vieillard à l'échafaud et d'après l'inventaire fait après ses 69 jours passés dans l'Hôtel Bouhier de Savigny, d'avoir subtilisé 537 bouteilles de grands crus, dont 38 bouteilles de Chambertin et une pièce trois quarts de Santenay, ainsi que la casse de beaucoup de vaisselle » et  d’avoir détourné les biens saisis.

Décrété d’accusation en 1795 il bénéficie de l’auto amnistie votée par tout ce collège d’assassins de la Convention avant sa dissolution.

Redevenu avocat près la Cour criminelle de Charente Inférieure il est contraint à l’exil par la loi frappant les régicides en 1816. Il part en Belgique d’où il est bientôt expulsé par les autorités. Il décide alors de partir pour les Etats-Unis. Mais son bateau fait naufrage sur l’île de Madère ; il s’installe alors à Funchal. Il y meurt le 18 octobre 1818.

Les autorités religieuses ayant refusé une inhumation religieuse SA DÉPOUILLE EST MISE DANS UN SAC, COUSU, LESTE ET JETE A LA MER  LE 19 OCTOBRE 1818, il y a deux cents ans.

On peut, dans ce cas, parler de justice !

 

 

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