3 MARS 1796 - 3 MARS 2016 : HOMMAGE à PIERRE-RENÉ ROGUE, MARTYR de L'EUCHARISTIE et CONFESSEUR de la FOI

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3 MARS 1796 - 3 MARS 2016 : HOMMAGE à PIERRE-RENÉ ROGUE, MARTYR de L'EUCHARISTIE et CONFESSEUR de la FOI
3 MARS 1796 - 3 MARS 2016 : HOMMAGE à PIERRE-RENÉ ROGUE, MARTYR de L'EUCHARISTIE et CONFESSEUR de la FOI

Le jeudi 3 mars, en début d’après-midi, les mains liées dans le dos, la chemise échancrée et la nuque rasée, le Père Pierre-René Rogue et l’abbé Alain Robin (ancien vicaire d’Inzinzac) sortent de la Porte-Prison où ils ont été enfermés après leur condamnation à mort la veille et sont emmenés par des gardes le long des remparts ; ils montent la rue du Méné, passent devant le grand séminaire (maintenant Foyer-logement) entourés d’une foule en larmes et priante dans un silence impressionnant ; ils passent devant l’église Notre Dame du Méné (rasée en 1968, emplacement de l’actuel Monoprix) dans laquelle le Père Pierre-René Rogue a été ordonné prêtre le 21 septembre 1782 et l’abbé Alain Robin le 20 septembre 1783 par Monseigneur Amelot.

Ils arrivent place du Marché (actuelle place Maurice Marchais, place de l’Hôtel de Ville) devant la chapelle de ce Collège Saint-Yves où ils firent leurs études et où le médaillon de la Vierge à l’Enfant nous regarde encore. Le Père Rogue pardonne à Le Meut, son dénonciateur, en geste de miséricorde lui donne sa montre (alors qu’il aurait pu la donner à sa maman qui est présente) et monte à l’échafaud d’un pas ferme, en chantant le cantique qu’il a composé en prison ; il dit au bourreau auquel il a autrefois fait le catéchisme : ‘’ Mon ami, faites votre devoir. ‘’

Des linges trempés de son sang deviennent aussitôt des reliques.

Ce jour, 15 ventôse l’an IV de la République française, s'est présenté devant moy Emmanuel Claude Tourmante, officier public de la Municipalité de Vannes, le citoyen Tahier, substitut du commissaire du Pouvoir exécutif du Tribunal criminel du Morbihan, lequel m'a requis d'enregistrement du décès du nommé Pierre-René Rogue, prêtre insermenté, âgé de 37 ans, natif et domicilié de cette commune, qui est décédé le 13 du présent, trois heures du soir.

De cette déclaration j'ai rapporté le présent acte les jour et an que dessus et ai signé avec le déclarant.

Signé: E.-C. Tourmante, officier public ; Tahier.

Les soldats qui avaient assisté à l’exécution de Monsieur Rogue étaient profondément touchés par le spectacle qu’ils venaient d’avoir sous les yeux et ils exprimaient hautement leur admiration et leur respect pour Monsieur Rogue : "Ce n’était pas un homme, c’était un ange ! "

Les républicains réprouvaient ces exécutions ; le général Hoche lui-même, six jours après la mise à mort du martyr, écrivait le 9 mars 1796 au Directoire (de Vannes) : « Je l’ai dit vingt fois au Directoire (Paris), si l’on n’admet pas la tolérance religieuse il faut renoncer à l’espoir de la paix dans ces contrées. Quand un prêtre commet un délit, si on le poursuit comme tel, on révolte l’habitant ; si on le poursuit comme homme, comme citoyen, personne ne dit mot ! »

Le jour de la mort de Monsieur Rogue fut pour la ville de Vannes un jour de deuil et de consternation. Toute la ville fut dans un émoi difficile à rendre. Il semblait que chaque famille était frappée dans le plus aimé de ses enfants…

Pierre-René Rogue fut inhumé avec son confrère Alain Robin près du mur Nord du cimetière de Bois Moreau. Sa maman fit dresser une croix en bois sur cette tombe. Quelques années après le décès de Madame Rogue, une très belle croix en pierre entourée d’angelots marqua le lieu de cette triple sépulture. Elle devint un lieu de pèlerinage et de grâces.

En 1905, Monseigneur Gouraud nouvel évêque de Vannes, ancien Vicaire général de Nantes, au fait de la réputation de sainteté du Père Rogue, décide de lancer des procédures informatives en vue de la béatification des martyrs de la révolution. Le cas de Monsieur Rogue fut le plus heureux des cas traités : le procès informatif commencé en 1908 s’acheva le 2 janvier 1912 avec l’audition de 38 témoins. Sa cause fut introduite en Cour de Rome le 12 juin 1929 : il fut reconnu martyr le 22 avril 1934 et la date de la cérémonie de béatification fut fixée au 10 mai 1934, en la basilique Saint Pierre de Rome. Les autorisations d’exhumation des restes du Bienheureux n’arrivent que tardivement, six jours avant la date des cérémonies vaticanes, le vendredi 4 mai 1934 ! Le reliquaire était prêt, il ne manquait que les reliques !

Dès 8 heures du matin, sous le regard du chanoine Guillévic, juge délégué par l’évêque (Monseigneur Tréhiou), du chanoine Duclos, Promoteur de la Foi, du chanoine Davalan, notaire, des deux médecins experts, des Docteurs Audic et David, les ouvriers se mirent au travail et creusèrent la fosse, la croix et le pavage ayant été déplacés la veille.

A la profondeur d’un mètre trente, on trouve les premiers fragments de squelette : les experts déterminent que ce sont ceux de madame Rogue qui fut, lors de son décès, inhumé avec son fils.

Quinze ou vingt centimètres plus bas, rangés perpendiculairement au mur, voici les ossements mieux conservés de deux hommes étendus l’un sur l’autre, tête–bêche. Tout le monde a l’impression d’être en présence des deux martyrs, Messieurs Rogue et Robin. Déterrés avec d’infinies précautions, les ossements, grands, petits, parcellaires, sont déposés sur une longue table recouverte de draps blancs et disposés suivant la place qu’ils occupaient dans l’organisme. Les deux médecins ont bientôt reconstitué les deux squelettes.

Mais qui est qui ? Les deux médecins n’ayant pas assez étudié la question, les deux squelettes sont placés dans des coffrets et emmenés en lieu sûr à la cathédrale. Il est tout à fait impossible d’extraire une relique pour la cérémonie de Béatification et pour le Pape Pie XI ; les fêtes de Béatification se passeront donc sans exposition de reliques et cela pèse à beaucoup.

Le 10 mai 1934, Pierre-René Rogue est béatifié. Les fidèles devront se contenter d’un tableau de Monsieur Rogue devant le tribunal à Vannes et d’un bouquet de fleurs !

Mardi 12 juin 1934, est reçu avec joie le Docteur Didier, chirurgien des Hôpitaux de Paris, membre du Muséum, médecin des Filles de la Charité de la rue du Bac. Il fait extraire les deux squelettes des coffrets où ils ont été mis et vérifie les tailles en fonction des données du procès. Monsieur Rogue mesurait 1,497 cm et Monsieur Robin 1,690. Le Docteur Didier reconnaît le corps du Bienheureux après avoir vérifié chaque ossement et son application aux jointures ou à l’alvéole. Il a remonté la colonne vertébrale sur un fil de fer et relié les membres par des bandelettes, arrivant ainsi à reconstituer le squelette aussi complètement que possible à la taille de celui que portaient ces ossements. Devant l’ensemble des preuves, la Commission Pontificale reconnaît ce corps comme celui du Bienheureux Pierre-René Rogue.

Le mercredi 4 Juillet 1934, le Bienheureux est porté en procession sur les épaules de quatre séminaristes, depuis la sacristie de la cathédrale jusqu’à l’autel sous lequel il est exposé à la vue des fidèles. Nous attendons maintenant la canonisation.

En ce Jeudi 3 mars 2016, 220ème anniversaire de sa mise à mort, avec la participation de l’abbé Amaury Brillet, Vicaire de Saint Patern de Vannes, nous avons déposé une gerbe et dit des prières pour lui rendre un fervent hommage.

 

 

 

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